49e congrès : Une autre CGT existe !




La CGT, ce n’est pas seulement Bernard Thibault et son staff. Ce sont aussi des milliers de militantes et de militants qui restent fidèles à la lutte de classe. Et c’est bien eux et elles qu’on a vus dans les luttes de ces derniers mois. Les oppositions de gauche au sein de la centrale sauront-elles trouver leur oreille ?

La CGT est souvent assimilée à sa direction confédérale et à son orientation actuelle et passée... comme si toutes et tous les militants et adhérents, syndicats et unions locales formaient un bloc monolithique. Il n’en est rien. Les récentes luttes dans l’automobile, sur le front des travailleurs sans papiers ou face au chômage – pour ne citer que les secteurs les plus emblématiques de ces dernières années – montrent qu’une autre CGT existe, une CGT combative et sans concessions à l’égard des gouvernements et du patronat. Certes, elle-même n’est pas exempte de critiques. Mais existe-t-il en France aujourd’hui, une organisation syndicale interprofessionnelle qui, à la fois, possèderait une réelle audience auprès des travailleuses et des travailleurs, en particulier dans le privé, et présenterait un modèle d’organisation véritablement alternatif ?

Le bilan globalement négatif des mobilisations sociales de l’année écoulée pèse fortement dans la préparation du 49e congrès confédéral de la CGT de début décembre.

Mais l’arithmétique des votes à ce congrès ne permettra pas de faire une cartographie réelle de la CGT. La combinaison de plusieurs facteurs – mode de désignation des délégué-e-s, débats très inégalement menés dans les syndicats, etc. – brouillera la réalité des rapports de forces internes. D’autant plus que ces derniers sont nécessairement « mouvants » entre (pour faire court) les partisans d’un syndicalisme d’accompagnement et ceux d’un syndicalisme de lutte de classe qui veut s’adresser aux salarié-e-s dans toute leur diversité.

Une arithmétique trompeuse

Si la première option est désormais l’orientation majoritaire de la CGT, une minorité significative de syndicats, d’unions locales, de militantes et de militants ne s’y retrouvent pas. Reste à savoir laquelle des deux sensibilités anime sur le terrain les luttes collectives ; laquelle cherche à développer la solidarité et l’entraide interprofessionnelle ; laquelle est capable de porter un projet alternatif au capitalisme mondialisé et à ses institutions étatiques ou supranationales.

Il est vain de vouloir gagner des camarades à une orientation de lutte de classe uniquement par le débat d’idées... mais en restant extérieur aux luttes menées. Il est plus percutant de poser les questions de stratégie syndicale lorsqu’on est de plain-pied dans la lutte.

Investir le militantisme syndical

Dans ce sens, l’essentiel n’est-il pas, pour les anticapitalistes au sens large, d’investir le militantisme syndical ? N’est-il pas essentiel qu’ils et elles soient moteurs, par une démarche véritablement démocratique – exempte de toute logique manipulatrice –, de véritables débats avec les autres syndicalistes, quelles que soient les idées politiques ou philosophique de chacune et de chacun, le degré de politisation ou de conscience de classe ?

Une question revient sempiternellement : celle de l’organisation d’une opposition à la ligne majoritaire de la CGT. Cette question ô combien centrale est posée avec d’autant plus de force que le monde du travail est sur la défensive, que le syndicalisme dans son ensemble paraît tétanisé et prêt à rendre son « âme combattante ». Divers courants et sensibilités oppositionnelles existent dans la CGT. Ils tentent de s’organiser (cf. Alternative libertaire d’octobre 2008). Pour autant, l’une des difficultés majeures est celle de leur expression. De nombreuses et nombreux militants ne veulent pas apparaître comme jouant le jeu de la division et du fractionnisme. À juste titre d’ailleurs. Pour autant, on ne peut plus faire l’économie d’un débat le plus large possible, où toutes les orientations seraient mises sur la table. La critique dans les couloirs des locaux syndicaux n’est plus de mise. Sauf à constater amèrement, année après année, le rétrécissement de la marge de manœuvre de celles et ceux qui se battent pour un syndicalisme de lutte de classe et interprofessionnel.

Des militant-e-s CGT d’Alternative libertaire

 
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