8 mars : Les Toulousaines à l’offensive




Le 8 mars dernier, à l’appel d’un collectif large d’organisations, de syndicats et d’associations féministes, la grève des femmes a eu lieu pour la deuxième année consécutive à Toulouse.

Pour le 8 mars, à Toulouse, plus de 600 personnes se sont réunies dans la rue pour manifester contre les inégalités entre les hommes et les femmes, dans le cadre de la deuxième grève des femmes [1]. C’est un peu moins que l’an dernier, même si cette année, contrairement à la précédente, l’appel à la grève était adressé aux hommes comme aux femmes. Mais le contexte n’était pas des plus favorables : une autre grève la même semaine (le 5 mars, contre l’Ani), les vacances scolaires (c’est l’Éducation qui avait le plus mobilisé l’an dernier)...

Surtout, l’unité peine à se construire sur ce mode d’action. Certains groupes réglementaristes en matière de prostitution ont refusé de signer l’appel. Peu de syndicats ont déposé des préavis. L’an dernier, la FSU avait refusé de s’y joindre du fait de la non-mixité de l’appel. Cette année, l’appel étant mixte, elle pouvait difficilement ne pas le faire.
Mais le travail de mobilisation de ses adhérentes et adhérents a été plutôt timide. L’union départementale de la CGT n’a pas répondu à l’invitation du collectif, n’a pas participé à la manifestation, et a préféré organiser sa propre initiative en parallèle : un bus a été affrété pour aller devant le conseil général du Lot en soutien à l’une de leurs élues dont les droits syndicaux n’avaient pas été respectés. La bataille pour les droits syndicaux est importante, mais il est regrettable que l’Union départementale de la CGT n’ait pas joué le jeu de l’unité et qu’elle ait fait cavalier seul.

Une dynamique féministe offensive

Malgré tout, il n’y a pas de quoi rougir. Ce fut une belle manifestation. En amont, elle a été précédée d’actions un peu partout dans la ville : un rassemblement pour la grève des tâches ménagères, des diffusions massives de tracts… Une action « hôtesses de l’air », mimant au son d’une voix enregistrée les inégalités hommes-femmes, a perturbé un congrès institutionnel intitulé « Quand les femmes pilotent le changement », sous l’œil médusé des costard-cravate et des journalistes. Toutes ces initiatives ont suscité un grand intérêt, et recueilli des encouragements.

Plus largement, la grève des femmes a permis depuis deux ans de multiplier les rencontres entre les féministes de la ville, facilitant ainsi l’organisation d’autres manifestations, sur les violences faites aux femmes par exemple. Cela ne permet pas de dépasser toutes les divergences, mais c’est un premier pas pour arriver à construire une dynamique féministe unitaire, offensive et constructive, sur la ville.

Vers une grève nationale

Médiatiquement parlant, la présence de Femen dans la manifestation a eu tendance à occulter le reste. Voir des seins est tellement plus vendeur, et la grève, tellement trop sérieuse pour des femmes ! Nous devons montrer que nos revendications sont on ne peut plus sérieuses et légitimes, en faisant la grève dans le plus de villes possibles en 2014. C’est en tout cas l’objectif que les militantes et militants d’Alternative libertaire se donnent pour le 7 mars 2014 (le 8 tombera un samedi, ce qui limiterait l’impact de la grève). Convaincre les syndicats et les collectifs de s’engager dans ce mouvement à l’échelle nationale ne sera pas facile. Mais c’est une bataille qui permettra d’interpeller toutes les organisations sur ce qu’elles entendent réellement par « féminisme », et sur leur capacité à passer des paroles aux actes. La grève des femmes ne peut que donner des perspectives positives et innovantes aux luttes féministes. Ne passons pas à côté.

Elisa (AL Toulouse)

[1voir « Quand c’est trop, c’est la grève ! » dans AL n° 226 de mars 2013

 
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