A contre-courant : Du tsunami bleu au clapotis rose




Chaque mois, le mensuel Alternative libertaire reproduit l’édito de la revue alsacienne À Contre Courant, qui de son côté reproduit l’édito d’AL. Pour contacter ces camarades : ACC, BP 2123, 68060 Mulhouse Cedex.


Les élections législatives qui viennent d’avoir lieu resteront sans doute dans les annales électorales pour trois raisons.

En premier lieu, du fait de l’ampleur de l’abstention électorale qui a frôlé les 40 % lors des deux tours, chiffre record depuis l’établissement de la démocratie parlementaire en France. Sans doute un nombre grandissant d’électeurset d’électrices a conscience de la pauvreté de « l’offre politique » qui lui est faite par des partis gouvernementaux qui ne rivalisent plus que dans l’art du dosage de la sauce démagogique destinée à faire avaler l’amère potion néolibérale qu’ils entendent leur administrer. Mais il ne faudrait pas non plus trop se réjouir d’une abstention qui pourrait aussi déboucher sur une dépolitisation qui laisserait les coudées franches aux classes dominantes.

En second lieu, c’est la première fois depuis presque trente ans qu’une majorité parlementaire vient d’être reconduite. Cela ne s’était en effet plus produit depuis 1978. L’alternance entre une droite de plus en plus à droite et une gauche de moins en moins à gauche n’aura pas fonctionné cette fois-ci, tout simplement parce qu’elle a épuisé ses potentialités. Car, au jeu « À droite toute ! », c’est logiquement la vraie droite qui a fini par l’emporter sur une fausse gauche ne parvenant plus à donner le change en écoulant sa fausse monnaie.

Pour autant, la victoire de la droite est plus courte qu’espérée par elle et annoncée par les médias à grand renfort de sondages plus ou moins bidonnés – et c’est le troisième élément remarquable. Le tsunami bleu s’est transformé en clapotis rose, puisque la prochaine Assemblée comprendra plus de député-e-s PS et moins de député-e-s UMP que la précédente. Certes, l’annonce précipitée par le gouvernement de l’institution d’une « TVA sociale », dont le caractère antisocial (elle consisterait à financer les cadeaux fiscaux aux riches en prenant de l’argent dans la poche des plus pauvres) n’a échappé à personne, y a été pour beaucoup. Mais précisément, c’est la préfiguration d’un scénario qu’on verra sans doute se répéter dans les prochains mois.

Déjà affaiblie par l’omniprésence encombrante d’un Président qui entend être aussi Premier ministre, s’occuper de tous les dossiers ministériels importants et régler jusqu’aux problèmes de sous-préfecture, croyant sans doute qu’il lui suffit de s’agiter médiatiquement pour faire oublier qu’il est le champion du parti de l’immobilité sociale, l’actuelle majorité va au-delà de cruelles déconvenues si, de surcroît, elle s’imagine omnipotente, en prenant ses délires de contre-réformes néolibérales pour les aspirations profondes de la majeure partie de la population. Laquelle se chargera bien de la ramener à la réalité.

 
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