A contre courant : Les bêtes en cour, pour toujours ?




Chaque mois, le mensuel Alternative libertaire reproduit l’édito de la revue alsacienne À Contre Courant, qui de son côté reproduit l’édito d’AL. Pour contacter ces camarades : ACC, BP 2123, 68060 Mulhouse Cedex.


Tout a commencé comme une banale affaire de cornecul : la fille de l’une des toutes premières fortunes de France ne supporte plus l’amant de sa mère. Il lui rafle une partie de son héritage ! Elle n’a plus sa tête, il faut la placer sous tutelle. Las, l’ami de Sarko, procureur de la République, procède à un non-lieu. Rien ne prouve que…

L’avocat, bien soudoyé par la future héritière, s’acharne. Bien lui en a pris. Car, entre-temps, le majordome et la comptable de Madame ont été renvoyé-e-s comme des malpropres par le gestionnaire de la très grande fortunée. Malgré leurs émoluments, ces grands serviteurs ont la rancune tenace. Et c’est ainsi qu’enregistrements sulfureux et déclarations iconoclastes ont été déversés dans la presse. Ce qui n’était au départ qu’une affaire de famille est devenue une affaire d’État.

La raison d’État commandait de tout nier et de crier au complot des médias : les généreux dons à Sarko et Cie, la multiplication de petits partis détournant la loi pour mieux encaisser les donations de douairières et autres nababs, les dîners fastueux du premier cercle où paradaient ces gens de Biens, et ce sombre argentier, ministre et trésorier de son parti qui collecte de la Suisse à New York en passant par les beaux quartiers du triangle Auteuil-Neuilly-Passy. Certes, il a désormais quelque difficulté à se prétendre aveugle aux fraudes fiscales et autres placements en paradis de ses amis nantis. Et à nier que le placement de son épouse a été assuré par son entregent pour gérer la fortune de la milliardaire !

Pour nous, il n’y a pas lieu d’être surpris par ces révélations, par le degré de consanguinité entre le parti dominant et la très grande bourgeoisie du premier cercle. Certes, ceux qui redoutent la crise du système politique et de ses prébendes jouent les effarouchés pour mieux occulter les vices cachés d’« honnêtes hommes » qui caquètent avec tant de grâce et font preuve de tant de roueries pour mieux tromper le bon peuple.

Entre le capital et les politiciens qui en défendent les intérêts, il n’y a pas de relations incestueuses mais la banalité d’un mélange opaque dont la pratique est aussi vieille que les jeux de la démocratie parlementaire. La bourgeoisie, empêtrée dans ses conflits d’intérêts, a besoin de tous ces serviteurs plein d’ambition pour défendre sa position dominante. Mais elle sait les tenir en tenant les cordons de leur bourse tout comme en manipulant les cours de la Bourse !

Il n’y a pas de gants à prendre avec tous ces tartuffes qui n’en prennent guère pour se livrer à toutes sortes de manipulations et goujateries pour finalement nous faire payer le prix de leur crise. Renvoyer toutes les bêtes en cour, voilà le programme !

 
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