Affaire du Nice-Lyon : responsabilités accablantes de la SNCF et du gouvernement




Les agressions envers des passagers du train Nice-Lyon, le 1er janvier, ont été l’occasion pour Sarkozy d’annoncer de nouvelles mesures dites sécuritaires, qui ne sont en fait que répressives. Ces événements s’étant déroulés dans le contexte d’une opération « train régional à 1,20 euro » à l’occasion des fêtes de fin d’année, c’est ce principe du « train pas cher » qui a été mis en accusation à travers certaines déclarations.

Par rapport aux agressions d’usagers, il faut rappeler que tant la direction SNCF que les pouvoirs publics (le conseil régional Provence-Alpes-Côte d’Azur) avaient été alertés par les syndicalistes cheminot(e)s qui, avant la mise en œuvre de cette opération, demandaient un renforcement des effectifs ; ceci, non pour dénoncer le tarif unique à 1,20 euro, mais sur la base de l’expérience lors de tout évènement provoquant un afflux inhabituel de monde dans les gares et les trains.

À cela, ni le conseil régional, ni la direction SNCF n’ont daigné donner suite. Comme le rappelle la fédération SUD-rail dans un communiqué : « Afin de ne pas pénaliser les voyageurs, SUD-rail n’avait pas déposé de préavis pour cette période. Mais voilà, tant que les syndicats n’appellent pas à la grève, direction et pouvoirs publics ne s’en soucient guère ! »

Lorsqu’aux lendemains de ces faits tout ce vilain monde, avec Sarkozy en tête, fait mine de découvrir le problème, c’est encore une fois de l’hypocrisie. « Les autorités ont été prévenues, elles ont conscience du problème et agiront avec nous », s’était contenté de répondre la direction SNCF aux syndicalistes... avant le début de l’opération.

La démagogie sarkozienne à l’œuvre

Sautant encore une fois sur l’occasion, Sarkozy annonce comme à son habitude des mesures bien plus destinées à frapper « l’opinion publique » par médias interposés qu’à résoudre quoi que ce soit. Ce n’est que plusieurs jours après les faits que la classe politique s’y est « intéressée », poussant alors les médias à en faire de gros titres, parfois démesurés par rapport à la réalité (celle-ci étant insupportable, soyons clairs !) La création de sa « police nationale ferroviaire » n’est que l’extension d’une structure qui existe déjà à Paris, Lyon... et Marseille, c’est-à-dire sur la région où ont eu lieu ces événements !

La réaction du Parti socialiste, partie essentielle de ce que certain(e)s nous proposent comme « alternative » en 2007, a été une fois de plus lamentable, se saisissant des événements pour en rajouter dans le sécuritaire le plus démagogique, dénonçant un Sarkozy... qui n’en ferait pas assez !

Mais fondamentalement, et les syndicalistes cheminot(e)s l’ont rappelé, la solution n’est pas là. Ce qu’il faut c’est plus de cheminot(e)s dans les gares et dans les trains, pour accueillir, orienter, accompagner les usagers. Or, dans le même temps, la direction SNCF présentait le budget 2006 de l’entreprise prévoyant encore des milliers de suppressions d’emplois ! Le syndicat CGT le résumait bien : « Il faut dire qu’avec une entreprise qui supprime plus de 3 000 emplois en 2005 dont 350 pour la région PACA, il reste peu de moyens pour satisfaire aux besoins de qualité et de sécurité des usagers ».

L’enjeu du droit au transport pour tou(te)s

Le parallèle entre la violence envers les passagers et le tarif exceptionnel est inadmissible. Le droit au transport pour toutes et tous demeure un objectif essentiel. Cela pose la question de l’aménagement du territoire, du choix entre différents modes de transport, mais aussi de leur coût pour les usagers. La gratuité du service public ferroviaire est une des solutions pour cela. « Gratuité » forcément plus symbolique que réelle, car même si le voyageur ne payait plus de billet de trains, la collectivité en assumerait la charge globale. Ce débat n’est pas étranger à une partie du monde syndical cheminot.

La fédération SUD-rail a eu des échanges réguliers il y a quelques années avec les militant(e)s du Collectif des sans tickets de Bruxelles, qui développaient une lutte pour la gratuité des transports collectifs, fondée sur la notion de service public. Indépendamment des événements de ce 1er janvier, le Conseil fédéral de SUD-rail de la mi-janvier avait à son ordre du jour un débat sur la gratuité des transports, avec la participation d’animateurs du Réseau pour l’abolition des transports payants.

De cette « gratuité » à la collectivisation, la marge peut être bien étroite. Voilà des débats passionnants, pour les syndicalistes des transports, pour les usagers, pour tous les syndicalistes... des débats qui doivent déboucher sur des actions concrètes pour faire changer les choses !

Des camarades d’AL Rail

 
☰ Accès rapide
Retour en haut