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Allemagne : Grèves massives dans les services publics




En Allemagne, les services publics sont en grève depuis le début du mois de février. La grève est organisée par l’appareil syndical de Ver.di, le plus grand syndicat implanté dans les services publics, et les mobilisations se développent surtout dans les régions du Sud, comme le Bade-Würtemberg.

Pour comprendre une telle grève, il faut donner quelques précisions sur son origine.

Depuis des mois, il y a un mouvement assez fort, souvent impulsé par la base, dans les secteurs de la santé, et tout spécialement dans les hôpitaux. Cette dynamique a été portée au début par les médecins hospitaliers. Ils/elles sont très mécontent-e-s de leurs conditions de travail, de la dégradation de leur statut dans les hopitaux publics et également des conséquences pour les malades. Parmi les médecins, il y a un syndicat assez fort qui a gagné de l’influence dans les derniers mois vis-a-vis de Ver.di.

Contre l’augmentation du temps de travail

Aujourd’hui, autour de ce secteur de santé se structure un mouvement de grève qui gagne également une forte solidarité dans la population. Un des responsables de la grève à Stuttgart est un chirurgien de l’hôpital public, un militant reconnu de la gauche syndicale très critique envers la direction nationale du syndicat Ver.di.

À l’origine de ce conflit, l’État et les communes veulent prolonger le temps de travail dans le service public de 38,5 heures à 42 heures par semaine.

Le syndicat Ver.di est vraiment poussé par sa base pour réagir à cette attaque majeure. Mais les revendications restent assez défensives : on ne veut pas de prolongation du temps de travail mais un compromis est possible pour une semaine de 40 heures.

Le type de grève est très allemand, c’est-à-dire géré d’en haut. La direction centrale de la grève (des membres de la hiérarchie du syndicat) décide chaque jour qui doit faire grève ou entrer en action. Ces travailleur(se)s grévistes reçoivent chaque jour de l’argent de la caisse de grève du syndicat. Cela vaut également pour tou(te)s les non-organisé(e)s qui entrent dans le syndicat le jour même de la grève. Ce type de grève impulsée par en haut empêche naturellement une dynamique plus offensive et plus autonome, car chaque secteur attend l’appel de la direction de la grève du syndicat pour entrer en action.

Mais, malgré ces obstacles, il y a un élément nouveau dans cette grève : c’est la résurgence de la question du temps de travail liée à la solidarité avec les jeunes et avec les chômeur(se)s.

L’idée que travailler plus longtemps, c’est opter pour encore plus de chômeur(se)s et moins de perspectives d’emploi pour les jeunes est la logique qui se développe dans les débats et qu’on voit sur les pancartes. Et c’est une chose encourageante.

La gauche syndicale est assez présente via l’appareil de Ver.di dans la région de Stuttgart. Le dirigeant de la grève à Stuttgart est un des porte-parole de la gauche syndicale. Il est également le représentant de la “ Linkspartei ” [1] dans la région.

Une bureaucratie poussée à l’action par la base

Comment la grève va-t-elle continuer ? Il y a une forte volonté des grévistes de ne pas arrêter la grève avant le référendum sur le résultat des négociations. Et c’est exactement cette option voulue par la majorité de la base qui fait peur à la direction syndicale. Pour vraiment obtenir un bon résultat, les mobilisations doivent être encore plus fortes et plus effectives. Car l’État, les collectivités locales et les patrons ne veulent pas reculer. Il y a de fortes chances que cette grève nous réserve encore quelques surprises. Nous verrons bien !

Réflexion d’un gréviste à la radio ou petit cours de math :
“ Dans la semaine il nous faut 3 850 heures de travail. 100 travailleurs a 38,5 heures. Nouvelle situation voulue par l’État : 100 travailleurs et 42 heures chacun, il nous faut seulement 91 travailleurs - 9 travailleurs de moins - et c’est exactement le contraire que nous voulons : moins d’heures de travail pour chacun(e) pour travailler tou(te)s et autrement sans le grand stress. ”

Willi Hajek, le 20-02-2006

[1Le Parti de la gauche qui rassemble les communistes du PDS et des milliers d’ancien(ne)s adhérent-e-s du Parti social-démocrate qui gouverne l’Allemagne avec les chrétiens-démocrates d’Angela Merkel.

 
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