Allemagne : L’automne des luttes sociales




La grève sauvage des travailleurs de chez GM (General Motors)-Opel a provoqué une vague de solidarité parmi une grande partie de la population allemande et plus largement dans le monde. Cette action imprévue a choqué le patronat et les directions syndicales. Le « Figaro allemand », Le Frankfurter Allgemeine Zeitung, a écrit dans un article en octobre « agir d’une manière sauvage pas seulement dans la rue, mais aussi dans les usines peut marquer une nouvelle période de lutte où les professionnels de la négociation perdent leur légitimité ».

La direction de General Motors a néanmoins réagi : deux ouvriers ont été licenciés, et d’autres ont été menacés de l’être. Rien n’est réglé, et le patronat a peur que la lutte recommence au moment de la publication des résultats des négociations sur l’avenir des entreprises de GM-Opel en Allemagne.

Ce qui est important pour la conscience des travailleurs, c’est le refus de la soumission au chantage des patrons : travailler plus longtemps ou renoncer a une augmentation de salaire garantit la sécurité de l’emploi. Chacun(e) peut devenir aujourd’hui très vite chômeur ou chômeuse. Les travailleurs découvrent à travers leur insécurité croissante leur lien avec les mouvements des chômeur(se)s contre les lois Hartz.

Ces lois, déclaration de guerre contre les chômeurs, seront mises en pratique à partir de janvier 2005.

Convergence travailleurs-chômeurs

Les mouvements du lundi, qui ont commencé à l’été 2004, se transforment lentement en un mouvement plus direct contre ces réformes.

La manifestation de 10 000 personnes, le 6 novembre 2004 à Nuremberg en Bavière, marque cette transformation. Elle a été dirigée contre la centrale des offices de l’emploi avec ses 90 000 employés dans toute l’Allemagne.

Les lois Hartz augmentent le pouvoir ou autrement dit l’arbitraire de ces employés sur les chômeurs, dans le langage technocratique sur les clients. Des circulaires à l’intérieur des agences exigent ouvertement que les employés vérifient plus fortement l’employabilité des chômeurs.

L’orientation de la mobilisation du mouvement social se dirige de plus en plus vers le blocage de l’application de lois.

Le 3 janvier 2005, dans toute l’Allemagne, un blocage des entrées des offices de l’emploi est prévu, avec éventuellement à la clé des occupations de bâtiments.

Les directions syndicales qui siègent dans les instances de cogestion des caisses d’assurance sociale se désolidarisent complètement de cette orientation. Elles font campagne parmi les employés dans les agences en leur disant « maintenant, vous êtes la cible de l’agressivité des chômeurs ». Elles essaient de créer la peur en impulsant un débat sur le renforcement de la sécurité des employés.

Mais le mouvement, surtout autour du travail d’information du réseau syndical de lutte labournet.de, essaie d’établir un lien avec des travailleurs des agences qui critiquent aussi leur nouveau rôle de chien de garde.

Notre tâche aujourd’hui en tant que syndicalistes de gauche est d’impulser des liens entre le mouvement social et les employés « exécutant » ces lois.

Cet élargissement du mouvement renforce l’autonomie et l’auto-organisation.

En même temps, le débat s’amorce autour d’un revenu minimum pour tous les chômeurs sans la contrainte d’accepter n’importe quel travail.

L’ unité de pensée avec les travailleurs en lutte comme ceux de chez GM-Opel et d’autres peut se faire autour de plusieurs axes :

 le chômage menace chacun d’entre nous ;
 un revenu minimum de 1000 euros ;
 la désobéissance civile comme ligne générale de lutte : grèves sauvages, blocage des agences d’emploi…

Willi Hajek, Berlin, le 13 novembre 2004

 
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