syndicalisme

BNF : Heures sup non payées, du balai !




Le 21 avril, les employé-e-s du nettoyage de la Bibliothèque nationale de France ont signé un protocole de fin de conflit après onze jours de grève. À la clef : des embauches en CDI et cent heures de travail en plus à répartir entre les salarié-e-s.

Onze jours de grève ont permis aux salarié-e-s d’Onet en charge du nettoyage à la BNF de faire aboutir leurs revendications. Quarante-deux des quarante-quatre salarié-e-s étaient ­entrées en grève reconductible le 9 avril. Majoritairement syndiqués au sein de SUD-Culture, ils et elles ont été soutenus par l’ensemble de l’intersyndicale de la BNF.

Marché au rabais

Les salarié-e-s dénonçaient le sous-effectif et réclamaient l’attribution d’un volume d’heures supplémentaires pour les agents à temps partiel et des embauches. Depuis le reprise du marché par Onet en janvier 2013, l’effectif, à l’origine de soixante et une personnes, très majoritairement à temps partiel, est descendu à quarante-quatre, suite à des incitations au départ par l’entreprise, sans qu’il y ait eu redistribution des heures perdues ou de nouvelles embauches.

Dans le même temps, la quantité de travail, elle, n’a pas diminué, entraînant une surcharge des plannings et des conditions de travail extrêmement dégradées. Cette situation ayant pour conséquences logiques la multiplication des absences, des accidents du travail et des pressions de l’entreprise sur les agents qui restent.

Cette grève ne concernait pas que l’entreprise prestataire, Onet, elle a aussi placé la BNF devant ses responsabilités de donneuse d’ordre. Au sein des établissements publics, l’externalisation d’une partie des activités depuis une trentaine d’années, comme le nettoyage, la restauration ou la surveillance, a conduit à la mise en concurrence d’entreprises qui tirent les prix vers le bas pour remporter les marchés.

Cette grève ne concernait pas que l’entreprise prestataire, Onet, elle a aussi placé la BNF devant ses responsabilités.
© Marieau Palacio

La direction de la BNF, interpelée sur les conditions de travail des salarié-e-s du nettoyage, tente de se décharger de toute responsabilité sur la société prestataire et se défend d’avoir baissé le montant du marché. Onet argue de la faiblesse du budget pour se défausser. Chacun renvoie ainsi la responsabilité sur l’autre. En attendant ce sont les salarié-e-s qui subissent les conséquences.

S’organiser contre l’isolement

Les renouvellements de marchés conduisent les salarié-e-s du nettoyage du site BFM à changer d’employeur tous les trois ou quatre ans. À chaque fois, il faut batailler pour préserver les conditions d’emploi et les acquis sociaux ayant fait l’objet d’accords préalables. Ce système favorise à la fois la précarité et l’instabilité de la vie professionnelle. L’éclatement des chantiers, les clauses de mobilité 1 et la multiplicité des temps partiels imposés mettent à mal les volontés de rompre avec l’invisibilité, de sortir de ­l’isolement et de construire des mobilisations collectives.

Quant aux mandats syndicaux, ils tombent à chaque renouvellement de marché et la représentativité syndicale est, elle, à reconstruire au sein de la boîte entrante. Sur le site BFM, les agents du nettoyage ont, par le passé, mené une lutte contre la clause de mobilité et ils et elles ont ainsi obtenu de la faire disparaître de leurs contrats de travail.

Grâce à la relative stabilité des équipes depuis la suppression de cette clause, les personnels ont construit de véritables liens entre eux et elles, pour agir et lutter ensemble. Et cela paie : le protocole de sortie de grève signé le 21 avril prévoit l’embauche de trois CDI à temps partiel, l’attribution d’une centaine d’heures supplémentaires, le paiement de trois jours de grève et la tenue d’un groupe de travail pour traiter des questions liées au matériel.

Charline (amie d’AL)

 
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