Blocus de Gaza : Les Gazaouis continuent d’attendre




Rien ne change dans la bande de Gaza, les raids israéliens et les bombardements se maintiennent et l’économie continue de sombrer sans aucune perspective positive à envisager. Et la population gazaouie, elle, continue d’attendre que justice soit faite et qu’on lui permette enfin de vivre.

Pour la population gazaouie, deux ans et demi après l’agression israélienne, la situation est marquée par l’absence de perspectives. Côté politique, deux aspects sont à souligner.
D’abord, les forces israéliennes poursuivent leurs attaques malgré une trêve respectée par les factions palestiniennes, mais souvent violée par l’armée israélienne. Plus de 160 Palestiniens de Gaza ont été tués en deux ans par ces attaques.
Ensuite, les deux partis politiques rivaux, le Fatah et le Hamas continuent de s’affronter, chacun essayant d’augmenter son pouvoir à Gaza et en Cisjordanie. Ces divisions ont des conséquences graves sur les populations civiles et servent les objectifs de l’occupation israélienne.

Des frontières désespérément fermées

A Gaza, le blocus perdure. Il est certes allégé par l’augmentation du nombre de camions, acheminés par les passages une ou deux fois par semaine, passés de 20 il y a six mois, à 120 aujourd’hui. Mais les frontières restent désespérément fermées et les camions n’amènent qu’une petite quantité de médicaments et de produits alimentaires, bien en deçà des besoins de la population. Beaucoup de produits sont interdits d’entrée, en particulier les matériaux de construction qui permettraient de rebâtir les maisons que l’armée israélienne a détruites fin 2008, début 2009. Plus de 10 000 personnes continuent de vivre sous des tentes, notamment au nord et au sud de la bande de Gaza.

Reste aussi interdite une longue liste de matériels tels que le matériel informatique, les livres et les fournitures scolaires. Côté économique, la situation continue de se dégrader : le chômage atteint 80 % de la population active et plus de 65 % des Gazaouis ne vivent que grâce aux aides alimentaires accordées par les organisations internationales, notamment le programme des Nations-Unies pour les réfugies palestiniens (l’UNRWA). Environ 90 % des usines privées ont fermé leurs portes, associant la double peine d’avoir été touchées par les bombardements israéliens et de souffrir du manque de matières premières interdites d’entrée sur le sol gazaoui.

Une résistance non violente, obstinée et courageuse

Mais c’est une résistance quotidienne que pratique courageusement la population. Les paysans continuent tous les jours d’aller travailler dans leurs champs, y compris dans les villages frontaliers. Les pêcheurs continuent, avec le même courage, d’aller pêcher sur la plage de Gaza, même s’ils ne peuvent dépasser les 400 mètres imposés par la marine israélienne. Résistance non violente, obstinée et courageuse de ces travailleurs que beaucoup payent de leur vie !

L’aspect le plus positif se trouve dans l’éducation : plus de 300 000 élèves vont à l’école chaque jour, avec un taux de scolarisation qui dépasse 97 %, et plus de 70 000 étudiantes et étudiants, encouragé-e-s par leurs familles, fréquentent les universités et centres de formation de la bande de Gaza. Tout cela témoigne de l’importance donnée par les familles à l’éducation, d’une part comme forme de résistance et d’autre part comme signe d’espoir.

Bref, rien ne change et les Palestiniennes et Palestiniens de Gaza se sentent de plus en plus enfermé-e-s, de plus en plus isolés et de plus en plus abandonnés par les décideurs d’une communauté internationale complice de la politique israélienne. Mais les Gazaoui-e-s refusent l’exil encouragé par les atrocités de l’armée israélienne. Ils et elles ont décidé de rester sur leur terre, dans leurs villes et leurs villages en dépit de toutes les difficultés et toutes les menaces. En l’absence de toute perspective autre que celles de la poursuite de leurs souffrances, et avec le silence complice d’une communauté internationale qui ferme les yeux, les Palestiniens de Gaza continuent d’attendre qu’une solution, basée sur la justice et rien que la justice, arrive enfin !

Ziad Medoukh (universitaire gazaoui)

 
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