CGT-Douai : Les moutons noirs font de la résistance




L’union locale CGT de Douai, un bastion rouge (et parfois noir), a subi la
« normalisation » réformiste de la confédération. Un exemple parmi d’autres qui prouve que recentrage rime avec nettoyage.

La CGT liquide ses opposantes et ses opposants, et ça se voit ! Ça se voit particulièrement dans certains syndicats et certaines unions locales, comme celle de Douai qui n’avait jamais digéré les glissements réformistes successifs de la confédération, la suppression de l’anticapitalisme dans les statuts fondateurs par exemple, ou l’adhésion à la très libérale Confédération européenne des syndicats.

Les militantes et les militants de l’UL de Douai n’avait jamais voulu taire leurs critiques, et n’avaient cessé d’en informer les 120 syndicats ou sections syndicales affiliées, dans les AG, dans les tracts ou dans la presse. Tant que le phénomène semblait limité au Douaisis, la confédé CGT ne s’est pas trop alarmée. Mais elle a commencé à voir rouge quand cette contestation s’est inscrite dans un cadre national, avec la formation d’un Front syndical de classe (FSC) regroupant diverses minorités « lutte de classe » de la CGT. Souvenez-vous, c’est ce FSC qui s’est fait connaître avec la fameuse Lettre ouverte de masse aux états-majors syndicaux qui a récolté plus de 4 000 signatures.

L’union départementale du Nord, tenue par les réformistes, s’est alors mise en branle pour flinguer l’UL de Douai et notamment son secrétaire, Jacques Leclercq, en s’appuyant sur une dizaine de syndicats et sections syndicales dans son orbite. Les hostilités ont été ouvertes quand trois émissaires de l’UD nous ont annoncé que le congrès de l’UL de Douai serait préparé « par l’UD » parce que « nous ne voulons plus de Jacques Leclercq et du secrétariat actuel ».

Lettres anonymes

Passons sur les quelques mois de guérilla judiciaire qui ont suivi, et dont l’enjeu était de savoir qui devait mandater le secrétariat de l’UL. Serait-ce la base, l’assemblée des syndicats ? Ou serait-ce l’échelon supérieur, l’UD ? Pour les communistes libertaires, la réponse est claire : la base !

Au bout du compte, ce sont les réformards qui l’ont emporté légalement, et ont installé leurs hommes au secrétariat d’une nouvelle UL. Dans la réalité, l’UL « historique » pour ainsi dire continue d’exister. Elle tient des assemblées où 40 à 70 syndicats sont régulièrement représentés, c’est-à-dire davantage qu’à la « nouvelle UL ». Mais pour combien de temps ? Nous affrontons de graves problèmes financiers puisqu’avec la centralisation du système des cotisations – ce n’est pas faute de l’avoir dénoncé depuis six ans ! – les organismes intermédiaires de la CGT (UL et UD) ne contrôlent plus leur trésorerie. Les « moutons noirs » peuvent donc se faire couper les vivres, exactement ce qu’on a vu à la CFDT dans les années 1980. Enfin l’UL a subi un coup dur avec le décès brutal de Jacques Leclercq à l’âge de 56 ans, quelques jours avant le 19 mars. Il avait été véritablement harcelé, à coup de lettres et de coups de fil anonymes. Un roc est tombé. Un militant au service des travailleuses et des travailleurs, pour lequel chacun avait du respect !

Le combat doit en tout cas se poursuivre, pour un syndicalisme de lutte de classe. Les mois qui viennent nous permettront d’y voir plus clair.

Jérôme et Eddy Guilain (Douai)

 
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