CGT : Un congrès inachevé




Le congrès de la CGT qui s’est tenu à Toulouse du 18 au 22 mars a montré un décalage entre une bureaucratie confédérale timorée et une plus grande combativité dans de nombreux secteurs.

Au lendemain du dernier congrès de la CGT, le nouveau secrétaire général Thierry Lepaon déclarait : « La CGT n’entrera pas en guerre contre le gouvernement en le qualifiant de libéral ». L’exact contraire des interventions des délégué-e-s ! Les débats doivent être poursuivis.

Querelles et langue de bois

Le 50e congrès aura tranché clairement sur deux choses : l’élection du nouveau secrétaire général et une ligne officielle largement adoptée. Pour tout le reste c’est la confusion qui domine : les guerres de personnes et de structures au sommet de la confédération et de plusieurs fédérations qui ont soigneusement été étouffées le temps du congrès vont reprendre de plus belle.

Les documents adoptés, remplis de langue de bois [1] sur le « développement humain durable », ne tranchent rien. Le chapitre sur le « travail » serait, selon les connaisseurs des arcanes, l’objet d’une passe d’armes idéologique au sommet introduisant des innovations contre la croissance à tout prix, que les simples syndiqué-e-s ne peuvent guère saisir… Les revendications contradictoires s’empilent. Des formules maximalistes cachent de possibles capitulations. Bref, l’ensemble des résolutions étaient trop floues et peu cohérentes pour offrir la possibilité d’engager clairement des débats d’orientation à partir d’amendements précis. D’où un vrai désintérêt de nombres de militants et militantes pour ce congrès, et au final des votes confortables pour des textes à peine lus.

Pourtant la tonalité générale constatée à l’applaudimètre des délégué-e-s tranche avec l’ambiance délétère autour du cafouillage pour la succession de Bernard Thibault : remise en cause de l’axe privilégiant l’unité avec la CFDT, critique des journées d’actions trop espacées, dénonciation de l’immobilisme confédéral qui ne favorise pas la convergence des entreprises en lutte où les syndicats CGT jouent bien souvent le rôle premier, mise en accusation du gouvernement Hollande… Chacune des interventions sur ces thèmes soulevaient des tonnerres d’applaudissements, soulignant la combativité de nombreux secteurs à la base.

Des secteurs combatifs

Alors qu’au dernier congrès la candidature de Jean-Pierre Delannoy portée par plusieurs réseaux militants donnait une visibilité aux tenants d’une ligne syndicale plus radicale, il faut constater le recul organisationnel de la plupart de ces réseaux. Et pourtant les doutes, les interrogations, les critiques, et l’amertume même, sont toujours aussi forts. On ne les entend pas seulement dans les entreprises mais aussi dans les unions locales et départementales et dans nombre de fédérations. Reste à construire en positif des orientations claires et partagées pour débarrasser la CGT des mauvaises habitudes héritées du vieil autoritarisme stalinien comme des tentations réformistes. Les militants et militantes espèrent une activité syndicale de résistance à la hauteur des attaques qu’Hollande perpétue après Sarkozy. Quelles seront les prochaines batailles ? Contre la casse de l’emploi ? Contre la mise en œuvre de l’Ani dans telle entreprise ou telle branche professionnelle ? Contre une nouvelle réforme des retraites ?
Difficile de faire un pronostic mais il est sûr que nous avons besoin plus que jamais d’une CGT démocratisée et combative.

Jean-Yves Lesage (AL 93)

[1Lire à ce propos notre analyse des textes sur http://communisteslibertairescgt.over-blog.net/

 
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