Cadeaux de Chirac aux patrons : La lutte ou l’esclavage !




En 2004, ce sera Noël tous les jours pour les patrons ou au moins une fois par mois. C’est en substance ce que Chirac a annoncé lors de ses vœux. Lui et sa majorité ont programmé treize projets allant dans ce sens. La suppression de la taxe professionnelle, la privatisation de l’assurance maladie, ou encore la destruction du code du travail, etc. sont les mesures phares de ce programme.

Autrement dit 2004 doit être, pour la droite et le Medef, l’année de la mort du droit social auquel doivent se substituer des relations fondées sur le contrat c’est-à-dire, pour parler un langage plus clair, sur un droit exclusivement patronal.

Les contre-réformes qui n’auront pas été menées en 2004 pourront du reste l’être d’ici 2007, puisque après les élections européennes de juin s’ouvrira une période de trois années sans élections. Ce rêve peut devenir réalité à condition que la paix sociale qui domine depuis la mi-juin 2003 perdure.

Sur la réponse à donner à cette offensive de classe, trois types de réponses coexistent.

Il y a celles et ceux qui pensent que rien n’est possible avant 2007 et qu’il ne faut donc rien faire d’ici là. Ce sentiment est largement partagé au sein de l’ex-« gauche plurielle » et de ses relais syndicaux dans la CGT, FO, l’UNSA et la FSU.

Comme il faut bien exister d’ici là, il est quand même prévu de donner de la voix de temps à autre, histoire de faire travailler les cordes vocales mais en faisant bien attention de ne pas les abîmer. Dernière sortie en date, celle du Parti socialiste et de ses alliés PC et Verts contre le projet de nouveau contrat de travail de 5 ans.

La CGT entend par ailleurs conforter sa première place d’organisatrice de journées d’action à répétition en éparpillant les mobilisations de 24 heures à EDF-GDF, La Poste, la SNCF, les hôpitaux et la fonction publique d’État et en substituant au « Tou(te)s ensemble » le « Chacun(e) chez soi ». Donc, « ne faisons rien d’ici 2007 et évitons toute globalisation des luttes des fois que ça profiterait à l’extrême gauche qui veut rien que nous plumer, la vilaine, et qui ne comprend pas quel(le)s bons gestionnaires nous sommes ».

Autre type de réponse qui fait débat, celle de LO et de la LCR occupés à plein temps ou presque par les élections régionales et qui font le pari d’une représentation dans les institutions comme débouché aux luttes. Là encore les luttes pourront attendre au moins jusqu’en mars, sinon jusqu’en juin. Sûr que le Medef et le gouvernement sont terrorisés à l’idée que l’extrême gauche puisse faire un score à l’occasion de ces deux scrutins.

Initiatives interprofessionnelles

Une autre voie est possible. Selon nous c’est bien la capacité des opprimé(e)s à impulser des changements par les luttes qui est déterminante. C’est la capacité à s’imposer dans la rue, à bloquer des pans entiers de l’appareil productif et de l’État par les grèves, à contester sur le terrain la légitimité de nos représentant(e)s qui permettra de stopper l’offensive capitaliste et de faire émerger l’espoir d’un autre monde possible.

Aujourd’hui il s’agit d’abord de (re)construire les mobilisations, coordonner et faire converger les luttes. Chacun(e) a un rôle à y jouer et une responsabilité à y prendre (les travailleur(se)s - avec ou sans emploi, avec ou sans statut - et les syndicats « de base ») pour amener les appareils syndicaux au pied du mur.

Une telle stratégie constitue sans doute la meilleure des réponses aux attaques du gouvernement qui s’articulent de manière cohérente dans un projet global, celui du Medef.

Deux initiatives s’inscrivent dans cette veine. D’abord l’appel à construire un réseau interprofessionnel et intersyndical lancé à la fin de l’année 2003 et dont les signataires, venu(e)s de diverses organisations syndicales et de diverses régions, se sont rencontrés le 10 janvier. Ce réseau naissant a prévu d’avoir une première expression en faveur de la convergence des luttes à l’occasion des diverses journées d’action de janvier dans le secteur public. Prenant acte du silence des confédérations, le réseau doit également éditer un tract de mobilisation pour la défense de l’assurance maladie.

Autre action exemplaire, celle du collectif syndical unitaire pour l’emploi de la région Rouen-Elbeuf [1], lui aussi créé très récemment. Il est ouvert aussi bien aux organisations syndicales qu’aux associations de chômeur(ses)s. Il accueille également les salarié(e)s des petites et moyennes entreprises dépourvues de représentation syndicale tout en précisant que de ce fait leur droit de décision sera limité. En revanche, il n’intègre pas les organisations politiques qui peuvent si elles le souhaitent soutenir l’action du collectif.

D’ores et déjà il rassemble : CGT Grande-Paroisse, Sud Chimie Aventis, CGT Alstom, CFDT CRAM, Sud Renault CKD, Sud Chimie ICI, Sud Rail, Sud Éducation, ADEL (Association pour le droit à l’emploi et au logement).

Le but de ce collectif est de rompre l’isolement dans lequel sont enfermées les luttes contre les licenciements, mais aussi celui des précaires et des chômeurs(ses).

Le collectif se bat pour le droit de chacun(e) à un emploi stable. Les luttes des un(e)s doivent être celles des autres et le collectif se mobilisera aux côtés de chaque entreprise en lutte, et ce quelle que soit sa taille.

Il a prévu une première journée d’action le 22 janvier devant le siège social du Medef de Rouen.

À suivre et à imiter.

Laurent Esquerre

[1Contacts : CSU BP 106 76122 Grand Quevilly, 02 35 73 34 12, sud.rpb@wanadoo.fr

 
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