Chômage-précarité : Bataille en vue à l’automne




La convention Unédic va être renégociée cet automne, vraisemblablement dans le sens d’un retour à la dégressivité des allocations. Seule la rue pourra empêcher cette régression de nos droits.

Tendez l’oreille, car vos intérêts sont menacés. Cet automne, comme tous les trois ans environ, la convention Unédic, qui fixe les conditions d’indemnisation du chômage, va être renégociée.
Depuis 1992, presque chaque négociation a abouti à une régression. La tactique est éprouvée : 1) quand les comptes de l’Unédic sont dans le rouge, on les « assainit » en rognant les indemnités ; 2) trois ans plus tard, ils sont dans le vert : quelle aubaine, on baisse les cotisations patronales ; 3) les comptes replongent : vite, rognons les indemnités…

Négociation brûlante

Pour que les chômeuses et chômeurs soient moins nombreux à indemniser, il suffit de déplacer le curseur des exigences : il faudra avoir cotisé davantage de mois, pour être indemnisé moins longtemps… À chaque déplacement du curseur, on prive d’assurance chômage quelques dizaines de milliers de personnes.

En 2013, cela n’étonnera personne, les comptes sont dans le rouge. Avec 112 700 chômeurs indemnisés de plus en 2012, et 89 600 en 2013, la dette de l’Unédic va atteindre 18,6 milliards d’euros.

La négociation de l’automne s’avère donc brûlante. Pierre Gattaz, le nouveau patron du Medef, a déclaré qu’il s’opposerait à toute augmentation des cotisations patronales, et qu’il souhaitait le rétablissement de la « dégressivité des allocations » [1]. La formule est lâchée. C’est la clef de la bataille qui s’annonce.

Qu’est-ce que la « dégressivité » ? Il s’agit d’un système instauré entre 1992 et 2001, selon lequel les indemnités des chômeurs décroissaient régulièrement, jusqu’à ce qu’ils atteignent les minima sociaux. C’était, disait cyniquement la CFDT à l’époque, pour les encourager à trouver du travail…

La dégressivité a été annulée par la convention Unédic de 2001, en échange du flicage des chômeuses et chômeurs, désormais menacés de radiation s’ils refusent les emplois qui leur sont proposés [2]. L’enjeu, en 2013, est de rétablir la dégressivité en conservant le flicage.

Dans la rue

Comme d’ordinaire, les syndicats jaunes, CFDT en tête, signeront des deux mains tout ce que le Medef leur mettra sous le nez. Comme d’ordinaire, la CGT refusera de signer. Le hic, c’est que cette non-signature n’est pas suffisante pour bloquer l’accord. Il faut donc s’en remettre à la rue. Sans cela, la prochaine convention Unédic sera un coup très dur pour les précaires, et donc l’ensemble des travailleuses et des travailleurs.

Pour le moment, l’opinion reste passive. Les marches contre le chômage organisées entre le 15 juin et le 6 juillet (lire ici) n’ont pas eu l’écho espéré. Mais la rentrée peut constituer une nouvelle étape, articulée avec la mobilisation qui se prépare contre la réforme des retraites. Il faut initier une campagne avec un front large, duquel il ne faut écarter aucune des forces syndicales et politiques opposées au gouvernement PS-EELV, mais dont les organisations de chômeurs-précaires doivent être le pivot.

Une telle campagne pourrait avoir pour étapes :
1) une semaine d’information pour alerter la population sur ce qui se prépare ;
2) une manifestation nationale en amont de la négociation, pour mesurer nos forces ;
3) une semaine d’action au moment des négociations, avec occupation des agences Pôle Emploi.

Retroussons-nous les manches !

Guillaume Davranche (AL Montreuil)

[1Interview de Pierre Gattaz au Monde du 14 juin 2013.

[2Depuis octobre 2008, on encourt la radiation si on refuse deux « offres raisonnables d’emploi ».

 
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