Congrès du NPA : Sortir de la crise




Alternative libertaire a été invitée à s’adresser aux militantes et militants du NPA lors de leur dernier congrès. L’occasion de réfléchir aux orientations privilégiées par cette organisation, face aux enjeux de la période actuelle.

Le congrès du Nouveau parti anticapitaliste (NPA) de février 2011 avait été marqué par une crise qui n’avait pas permis de dégager une majorité d’idées autour d’une orientation stratégique. Elle s’était aggravée quelques semaines plus tard quand Olivier Besancenot avait annoncé qu’il ne serait pas le candidat du parti lors de l’élection présidentielle de 2012. Une partie de la direction du NPA était alors entrée en dissidence jusqu’à créer un courant public, la Gauche anticapitaliste (novembre 2011), devenue une organisation politique à part entière en juin 2012 puis membre du Front de gauche dans la foulée.

Après la crise

Cette longue crise a abouti depuis ce même congrès au départ de plusieurs milliers de militantes et militants au point que le NPA en revendique désormais 2 500 en lieu et place des 9 100 lors de sa fondation en février 2009.

On peut supposer que le gros de la crise est derrière le NPA, c’est ce que laisse penser la courte majorité (51 %) obtenue par la plate-forme X rassemblant des militants comme Philipe Poutou, Christine Poupin, Olivier Besancenot, Alain Krivine ou encore François Sabado, mais aussi le fait que les échanges étaient moins électriques que ceux des années 2011-2012.

Néanmoins des tensions étaient perceptibles entre les membres des deux principales plates-formes (X et Y, qui elle a obtenu 31,5 %), tant sur l’orientation que sur le fonctionnement (notamment sur la question du pluralisme et la possibilité pour les différents courants de construire ensemble une organisation à tous les niveaux).

Sur le premier point, tout en mettant en avant la nécessité de construire un rapport de force par les luttes, et en soulignant les possibilités de rupture portées par la réactivation des révolutions arabes et des mobilisations anti-austérité, les partisanes et partisans de l’orientation majoritaire ont fait le choix d’articuler leur stratégie autour de la perspective d’un gouvernement anti-austérité.

Une telle option s’inscrit dans une volonté de poursuivre le projet initial du NPA de rassembler révolutionnaires et réformistes déçu-e-s par les organisations réformistes traditionnelles, et radicalisé-e-s. Elle constitue ainsi une façon de ne pas rompre totalement avec les anticapitalistes qui ont quitté le NPA pour rejoindre le Front de gauche. Le problème est qu’une telle orientation risque d’amener le NPA dans une partie de poker menteur ; celle-ci visant à interpeller le Front de gauche, dont les prétentions hégémoniques à la gauche du PS laisseront peu de place pour la co-élaboration et l’unité politique avec ses partenaires à sa gauche qui n’ont pas fait le choix de le rejoindre.

Plus grave, une telle position ne peut qu’amener à défendre la perspective d’un débouché politique dans le cadre du carcan institutionnel. Celle-ci revient à inscrire les luttes dans le champ de la gouvernabilité, au lieu de favoriser la construction de luttes et de contre-pouvoirs débouchant sur l’affirmation d’un pouvoir populaire totalement contrôlé par les travailleuses, les travailleurs et plus largement les opprimé-e-s du système de domination capitaliste, productiviste, raciste et patriarcal actuel. C’est donc une formule qui fait prévaloir les logiques d’appareil sur l’auto-organisation.

Promouvoir l’auto-organisation ?

Le NPA sait par ailleurs que cette carte ne sera pas facile à jouer car le Front de gauche ne lui fera pas de cadeau. C’est si vrai que les thèses majoritaires affirment par ailleurs que les seuls regroupements politiques possibles sont ceux avec les autres forces anticapitalistes et révolutionnaires.

Les révolutionnaires et plus largement les anticapitalistes se réclamant de l’autogestion ont effectivement plus à gagner à s’unir pour favoriser l’auto-organisation et l’émergence d’un projet d’émancipation dont le cœur sera l’entraide, la construction de luttes, de réseaux et d’organisations de masse, l’autogestion, mieux à même de rompre avec le capital.

Les expériences de regroupement anticapitalistes menées à Toulouse, Nantes, Brest, Agen montrent qu’un tel travail unitaire peut être fécond et porteur de dynamique.

Front social et front anticapitaliste d’une part, ou front populaire pour un gouvernement anti-austérité, d’autre part, sont deux logiques et deux stratégies différentes.

Il y a bien là matière à débat. Et c’est dans ce sens qu’AL s’est adressé aux congressistes.

Laurent Esquerre

 
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