Entretien

Dossier Palestine : Michel Warshawski : « Les anarchistes entraînent le mouvement anticolonialiste »




Condamné en 1989 à vingt ans de prison pour avoir imprimé des tracts du Front populaire de libération de la Palestine (FPLP), Michel Warshawski est un célèbre militant anticolonialiste lié à la IVe Internationale et partisan d’un État binational israélo-palestinien. Il préside depuis plusieurs années l’Alternative Information Center de Jérusalem.

Il a emmené les jeunes de Génération Palestine faire une visite guidée en bus de la banlieue et des alentours de Jérusalem, où il a expliqué l’avancée de la colonisation, avec la création d’une banlieue « démographiquement homogène » (comprenez sans Arabes).

Il a démontré comment la stratégie d’Ariel Sharon continuait de s’appliquer sans lui, avec l’« israélisation » de l’espace par la politique du fait accompli. L’État construit des routes interdites aux Palestiniens, dont le but est parfois moins de constituer un axe de communication que d’atomiser le territoire palestinien. Les Palestiniennes et les Palestiniens doivent emprunter des tunnels pour traverser ces voies. C’est la « ségrégation routière ».

Il a bien voulu répondre aux questions d’Alternative libertaire.

Où en est le mouvement pacifiste et anticolonialiste israélien aujourd’hui ?

Michel Warshawski : Le mouvement dans son ensemble se trouve plutôt au creux de la vague. Il faut distinguer deux composantes, celle anticolonialiste, antiraciste, contre l’occupation, forte de 2 000 à 3 000 membres, qui se porte plutôt bien mais reste marginale. Et le mouvement pacifiste plus modéré, plus massif, organisé autour de La Paix maintenant, qui est en perte de vitesse.

Quelle place y ont pris les Anarchistes contre le mur ?

Michel Warshawski : Une grande place. C’est un mouvement que j’affectionne particulièrement, réellement à la pointe du mouvement anticolonialiste, qu’ils et elles réussissent à entraîner, et pas seulement contre le mur. C’est un mouvement de jeunes, que je qualifierais quasiment d’avant-garde, très combatif, également en phase avec des problématiques de la société israélienne. Cette impulsion qu’ils apportent est aussi synonyme d’un changement. La jeunesse israélienne se réveille.

Avec quelles forces palestiniennes les anticolonialistes travaillent-ils aujourd’hui en Cisjordanie et dans la bande de Gaza ?

Michel Warshawski : Ça dépend du combat. Contre le siège de Gaza par exemple nous travaillions avec des coalitions nationales, souvent des coalitions assez larges, comprenant le Hamas. Pour la lutte contre le mur nous travaillons plutôt avec les comités populaires, comme actuellement à Nil’in. Mais les organisations politiques y sont aussi présentes. D’une façon générale, on travaille avec qui veut bien.

Propos recueillis par Nicolas Pasadena (AL Paris-Sud

 
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