Dossier urbain : Une ZAd pour cristalliser les résistances ?




Notre-Dame-des-landes, Sivens : deux luttes emblématiques contre
l’aménagement capitaliste du territoire. En Île-de-France, on peine à
mobiliser sur ce thème, et pourtant, les enjeux y sont essentiels.

Le Grand Paris est comme une grosse
pomme avec, en son cœur, la création
d’ une métropole qui va absorber
les départements voisins et, en périphérie,
le développement de projets
économiques spectaculaires – à
Gonesse, ce sera Europacity, le plus
grand centre commercial d’Europe
(avec, cerise sur le gâteau, une piste de
ski artificielle) ; à Palaiseau, ce sera la
« Silicon Valley » de Saclay. Après avoir
vu Paris éradiquer ses quartiers populaires,
c’est maintenant toute la proche
banlieue qui va être gentrifiée. C’est
donc un projet majeur qui concerne
toutes les couches populaires !

Or, face à ce rouleau compresseur
qui avance un peu partout à la fois
mais pas au même rythme, il est difficile
de réagir. Un jour, c’est un quartier
de prestige qui sort de terre à
Saint-Ouen ; le lendemain, c’est à Ivry.
Des collectifs locaux
voient le jour, souvent
autour de squats politiques
en petite couronne
 ; autour d’associations
citoyennistes en grande
banlieue. Ce n’est pas le
même type de population.
L’articulation est ardue
entre le besoin de développer la lutte
localement et celui de se coordonner
face aux pouvoirs politiques et économiques
qui, eux, ont une vision
globale de la situation.

Pourtant, il nous faut apprendre à
considérer tout ce qui se passe en Îlede-
France comme étant notre affaire.
Ce qui se passe à Gonesse concerne
Saint-Denis, et Ivry doit intéresser
Palaiseau. Il faudrait constituer une
résistance francilienne tout en
sachant qu’on ne peut compter que
sur nos propres forces. En effet, les
partis institutionnels sont
partie prenante des politiques
en cours. Ainsi du
PCF, opposant à Gonesse
mais promoteur à Ivry...
De plus , les rares élus qui
se mobilisent sont souvent
enfermés dans des
batailles d’experts où ils
finissent par se perdre. Quid de
l’extrême gauche organisée ?

Contre le Grand Paris, une petite
coordination, la Costif, a vu le jour.
Elle fait le lien entre les luttes plutôt en
grande banlieue (Gonesse, Palaiseau),
mais la liaison est très lâche avec les
autres résistances urbaines, pour les
raisons sociologiques et générationnelles
évoquées plus haut. L’impression
qui domine est celle du pot de
terre contre le pot de fer, et une question
de stratégie se pose. Devons-nous
nous contenter de passer d’une lutte
à l’autre, ou décider qu’un grand
projet – à l’instar de celui de Notre-
Dame-des-Landes – pourrait servir
de moteur à une résistance francilienne ?
La lutte contre Europacity, à
Gonesse, pourrait être ce phare mettant
en lumière le projet plus global
du Grand Paris. A ce jour, la question
n’a pas été tranchée mais cette lutte,
qui a déjà connu plusieurs manifestations
et un festival cet automne, promet
d’être longue. Il n’est pas interdit
de penser que des actions, à la fois sur
Paris et sur Gonesse se développeront
ultérieurement.

Jean-Pierre Petit (Costif)


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