École : La privatisation, lentement mais sûrement !




La privatisation de l’école est depuis longtemps déjà dans les cartons des projets européens et s’inscrit dans une politique mondialisée de libéralisation des services. Petit retour en arrière.

« Un pays, une école, notre avenir ! ». C’était le mot d’ordre principal de la mobilisation nationale du dimanche 19 octobre, à l’appel de syndicats enseignants mais également de nombreuses associations d’éducation populaire, de parents d’élèves, etc. Les signataires de l’appel entendent résister à la destruction du service public d’éducation. Mais l’avenir de l’école ne se joue pas uniquement dans le cadre national. Plus, la limitation, progressive mais sûre, du rôle de l’école se situe dans une grande entreprise de privatisation/marchandisation de l’éducation commencée il y a déjà fort longtemps.

En 1994, l’AGCS (Accord général sur le commerce et les services) prévoit les conditions de la privatisation complète de tous les secteurs des services, dont l’éducation, qui fait l’objet d’un premier document intitulé « Éducation market ». L’Union européenne (UE) joue déjà un rôle moteur dans la promotion d’un marché de l’éducation.

La libéralisation des services…

Pas de surprise donc quand en 2000, le Conseil européen de Lisbonne, qui définit comme objectif pour l’UE d’être « la zone la plus compétitive du monde », publie la liste des « compétences de base dont l’éducation et la formation tout au long de la vie doivent permettre l’acquisition : compétences en technique de l’information, langues étrangères, culture technologique, esprit d’entreprise et aptitudes sociales ». La notion centrale de l’UE en matière éducative est la formation tout au long de la vie. Pour ce faire, elle préconise de créer des systèmes de validation des acquis gérés par les « partenaires sociaux » autrement dit les entreprises : le patronat doit être ainsi au centre du système.

… un appauvrissement de l’enseignement

La formation initiale – entendez la durée de la scolarité obligatoire – doit avoir pour objectif de dispenser aux élèves un savoir minimum – pour pouvoir travailler – c’est à dire effectivement savoir lire, écrire et compter et... parler une langue étrangère. Peu formé-e-s, la grande masse des futur-e-s travailleurs et travailleuses le seront donc surtout en fonction des besoins de leur entreprise. Le « socle commun » de Darcos n’est donc pas une idée nouvelle. Le ou la future salarié-e devra alors se débrouiller pour accéder à une formation qualifiante, qui sera bien souvent payante, offrant ainsi un nouveau secteur lucratif aux entrepreneurs de l’éducation.

Pour autant, la privatisation de l’école, en marche, est conduite en France de manière sournoise, selon le souci de ménager la population qui reste très attachée à l’« école de la république ». Aujourd’hui, 80 % des élèves en formation initiale sont dans l’école publique. Dans 20 ans, si nous ne réagissons pas, les proportions risquent d’être inversées. Mais il serait illusoire de vouloir protéger l’école des assauts du libéralisme économique sans s’attaquer de front à la société qui la génère et qu’elle a pour charge de reproduire. On ne changera pas l’une sans l’autre !

Chloé (AL 93)

 
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