Edito : Yasser Arafat est mort, vive la Palestine libre !




Au-delà de l’individu, Yasser Arafat est aussi un symbole de l’identité du peuple palestinien et de sa lutte. Qu’on le veuille ou non, Yasser Arafat est dans la lignée des grands chefs de lutte qui sont apparus après la Seconde Guerre mondiale. On lui a souvent reproché un comportement despotique, utilisant violence, corruption, manipulation afin de conserver un terrain d’entente avec les composantes les plus extrêmes de la société palestinienne. Cependant, en fondant le « Mouvement de libération palestinien » (Fatah) et en devenant le dirigeant de l’Organisation de libération de la Palestine (OLP) en 1969, il a contribué à ce que le peuple palestinien retrouve un semblant d’existence. Et, de fait, l’OLP n’a jamais été un parti politique en tant que tel, mais plutôt un regroupement de plusieurs courants politiques qui a servi de lien entre toutes les entités palestiniennes éparpillées à travers le monde (rappelons que 60 % du peuple palestinien ne vit pas sur le territoire de l’ancienne Palestine).

Aujourd’hui, le fait que les dirigeants israéliens et le président américain considèrent que la disparition de Yasser Arafat pourrait relancer le processus de paix est une vaste supercherie. Peu importe qui dirige le peuple palestinien dans le futur, ils souhaitent surtout l’émergence d’une direction plus flexible et plus « pragmatique » pour les Palestiniens. Le plan unilatéral de désengagement de la bande de Gaza en est une bonne illustration. Si l’on en croit les médias français, le vote de la Knesset serait le début de la libération de Gaza, donc une marche vers la paix (quid des 240 000 colons de la Cisjordanie ?). Or, le fait que le peuple palestinien et ses représentants ne soient pas associés à ce plan, que les autorités israéliennes refusent toute participation de la communauté internationale montre qu’on est loin, très loin d’une volonté israélienne de marche vers la paix. Ce plan n’est qu’une mascarade pensée et organisée pour faire face à la pression internationale.

Par ailleurs, il faut se souvenir que la frontière terrestre de cette bande de terre de 40 km de long sur 10 km de large est totalement bouclée par un mur d’acier et de béton, entouré de miradors, ainsi que de deux uniques check point fortement militarisés pour entrer et sortir. Pas de frontière aérienne (l’aéroport de Gaza, autrefois financé par l’Union européenne mais aujourd’hui détruit ne sera pas rouvert), pas de frontière terrestre (toute circulation humaine et des marchandises sera laissée à la « bonne volonté » des forces armées israéliennes), pas de port. La bande de Gaza sera comme une vaste prison de plus d’un million d’habitants, un lieu où, qui plus est, la déportation des résistants palestiniens de Cisjordanie sera privilégiée.

Au moment où le gouvernement israélien bombarde la population civile de la bande de Gaza (opération « jour de pénitence »), intensifie la colonisation de la Cisjordanie, continue la construction du mur d’annexion et les mesures d’étouffement de la population, on peut douter du fait que la mort de Yasser Arafat change un iota de la politique coloniale que mène Israël.

Les exemples de durcissement de l’annexion sont nombreux. Le mur ségrégue tout les jours un peu plus les deux communautés. Les habitants palestiniens d’Hébron par exemple constatent que leurs droits se réduisent comme une peau de chagrin : avec les deux murs qui bientôt couperont la ville en quatre districts, c’est 48 % des terres qui seront confisquées. Hébron est une ville où, en sus de la construction du mur, les Israéliens détruisent des maisons vieilles de 600 ans afin de construire une « route des fidèles » interdite aux Palestiniens et reliant la colonie de Kiryat Arba.

Ainsi aujourd’hui comme hier, tout ce qui fonde l’identité du peuple palestinien, et notamment son histoire, est la cible des Israéliens (jusqu’à présent plus de 450 villages ont été rasés).

Marielle et Marc (CAL d’Angers)

 
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