Communiqué AL

Édouard Philippe reste muet sur la taxation des richesses et le retour des services publics




Sous le vernis solennel, le Premier ministre a tenu aujourd’hui un discours de panique. Sa seule hâte est de lâcher du lest pour dissuader un acte 4 du mouvement des gilets jaunes, cette révolte populaire contre la vie chère. Mais ses annonces ne vont nullement dans le bon sens. « Il faudrait être sourd », dit-il. Oui, il faut être sourd pour ne pas entendre que la colère qui s’exprime aujourd’hui est une colère contre les inégalités sociales et territoriales.

Rien sur les services publics

La suspension pour six mois des augmentations de prix sur l’essence, le gaz et l’électricité ne suffisent pas, ne font que différer la hausse. Quant à l’annonce d’une possible « prime à la mobilité » pour les salarié.es habitant loin de leur travail, en zone péri-urbaine, c’est une tragique escroquerie, car elle ne ferait que prolonger et encourager un modèle de société sans avenir.

La production pétrolière mondiale est condamnée au déclin, et avec lui la centralité de la voiture individuelle et des longues distances domicile-travail. Plutôt que des mesures démagogiques et intenables, il faut accompagner ce déclin en réinstallant les transports publics et les services publics de proximité méthodiquement démantelés depuis des décennies. Il faut rendre à la population l’accès aux ressources et aux services de base, sans qu’elle ait à les payer de perpétuels trajets fastidieux et ruineux.

Rien sur la justice fiscale

Eh bien non ! Ce gouvernement prévient : « Si les impôts baissent, il faudra que les dépenses baissent. » Autrement dit : les gilets jaunes veulent moins de taxe ? Il faudra donc qu’ils et elles acceptent encore moins de services publics. Pas un mot sur les privilèges des classes possédantes.

Mais dans quel pays vit ce gouvernement ?

Sans doute pas dans le même que nous : un pays où les bénéfices des entreprises du CAC 40 ont encore progressé de 24% en 2017, reversant 44 milliards d’euros à leurs actionnaires ; un pays où les 10% les plus riches accaparent 27% de la richesse produite [1] ; un pays qui multiplie les privilèges fiscaux pour les grandes entreprises – 27 milliards leur ont été restitués par l’État au titre du CICE et du CIR en 2018 – ; un pays qui veut supprimer l’impôt sur la fortune...

Hors sujet, le Premier ministre est resté muet sur les services publics et sur les privilèges fiscaux des classes possédantes.

La situation est mûre : frappons tous ensemble

Le gouvernement a peur, il craint que la révolte des gilets jaunes soit le prélude à un embrasement général. La jeunesse pourrait par exemple en profiter pour descendre dans la rue et obtenir la suppression de Parcoursup et de la sélection à l’université. Les salarié.es pourraient se mettre en grève pour leurs salaires, pour leurs conditions de vie, et prendre leur revanche contre les détestables lois Travail.

Si des grèves, voire une grève générale s’ajoutaient aux blocages économiques des gilets jaunes et aux blocages territoriaux comme ceux de Bure (Meuse), assemblées populaires et assemblées de grévistes auraient la puissance requise pour faire reculer l’État, le patronat, et obtenir une véritable redistribution des richesses. Voire davantage. Car nous pensons qu’un changement radical de système est nécessaire : une rupture avec le capitalisme ; l’autogestion ; la mutation de la société vers un modèle socialiste et écologique.

Alternative libertaire, le 4 décembre 2018

[1Chiffre 2013, selon l’Insee et l’Observatoire des inégalités.

 
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