Education : L’austérité en mode bazooka




Dans l’éducation, c’est une nouvelle rentrée de rigueur et d’austérité. Le démantèlement en règle du service public d’éducation est désormais passé en mode bazooka. Alors quelles résistances construire ?

Avec 16 000 suppressions de postes supplémentaires, qui s’ajoutent aux dizaines de milliers passées et à toutes celles que nous promettent les politiques de rigueur, l’Éducation nationale vit au rythme d’un plan social gigantesque, renouvelé chaque rentrée. La casse de la formation des enseignants, le développement massif de la précarité, la dégradation des conditions de travail et l’accentuation des inégalités pour les élèves qui découle de ce laminage en règle, ébranlent fortement les travailleurs et travailleuses de l’éducation. Depuis 2007, la suppression 82 000 postes devrait être largement suffisant pour engager les personnels dans l’action. Force est pourtant de constater que la « rentrée de lutte » n’est pas aussi évidente que ça.

[*Dans les bahuts, dans les écoles…*]

Sur le terrain, les luttes partielles existent pourtant. Ici, ce sont des personnels qui se mobilisent pour obtenir le réemploi d’une précaire foutue à la porte la veille de la rentrée. Là d’autres qui protestent énergiquement contre les crises d’autoritarisme de leur chef d’établissement. Ici encore des écoles, parents et enseignants unis, qui organisent la lutte contre les fermetures de classes. Ces luttes, réelles et qui reposent généralement sur un travail quotidien de militantes et militants syndicaux, peuvent être gagnantes. On peut réussir à remporter des victoires et la rentrée des classes est un moment propice pour cela, où le rapport de force compte double, comme l’est également la période des examens scolaires, brevet et bac, dans le secondaire. Mais les luttes éparses, si elles témoignent d’une disponibilité à l’action, ne font pas un mouvement d’ensemble. On connaît la propension des grandes organisations syndicales de l’Éducation nationale à programmer LA grève traditionnelle de rentrée. Ces journées de grève nationale, limitées à 24 heures, sont évidemment bien loin d’offrir le cadre suffisant à établir un rapport de force global à la hauteur de l’attaque que subissent les salarié-e-s de l’éducation comme les élèves, et surtout celles et ceux des classes populaires.

[*Articuler grève nationale et action de terrain*]

Elles font pourtant partie du paysage social de ce secteur professionnel et encore nombreux sont les personnels qui se saisissent de ces dates pour exprimer leur colère. Dans bien des départements, les syndicats de lutte, notamment ceux de Sud Éducation, mais aussi des équipes CGT Éduc’action ou FSU oppositionnelles, réussissent à imposer dans le cadre intersyndical des assemblées générales de grévistes. Cette année, comme se fut souvent le cas précédemment, la proximité dans le temps entre la journée de grève – le 27 septembre – et les élections professionnelles, devrait favoriser cette dynamique. Cela dessine-t-il pour autant une stratégie d’affrontement ? La balle est dans le camp des syndicalistes de lutte, de leurs pratiques, de leurs discours, de leur volonté et capacité à mobiliser leurs collègues.

[*Le pire est à venir*]

Car les attaques vont bientôt passer à la vitesse supérieure, après les élections de 2012. En ligne de mire, rien de moins que la casse du statut des enseignants, la décentralisation de pans entiers de l’Éducation nationale, l’explosion des métiers et des fonctions par le biais des réorganisations des services et des nouvelles méthodes de management : entretien individuel d’évaluation, lettres de mission… L’école qu’on nous prépare, c’est encore plus de précarité pour les personnels, encore plus de pressions hiérarchiques, encore plus d’inégalité entre les élèves. L’enjeu pour nous est bien de trouver les moyens d’articuler les multiples actions de terrain avec un calendrier de lutte nationale qui engage le bras de fer, par la grève, avec l’État. Et ça se construit maintenant !

Théo Rival (AL Orléans)

 
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