Éducation nationale : Affaire des tableaux noirs, l’absurdité frappe à Gaillac




Parce qu’ils refusent qu’on mette au rebut leur outil de travail, six enseignantes et enseignants ont sur le dos le rectorat, la gendarmerie et la justice. Kafkaïen.

Qu’avons-nous au départ ? Des professeurs qui veulent conserver un outil de travail quotidien : leur tableau noir. Il est fonctionnel, en bon état, adapté à leur pédagogie.

Que se passe-t-il ? Des travaux de rénovation du collège Albert-Camus, à Gaillac. Le conseil départemental du Tarn veut renouveler aussi le matériel des classes : tables, chaises... et tableaux. Il consulte, non pour adapter l’aménagement aux pratiques, des uns et des autres, mais pour imposer à tout le monde un seul et même outil : tous les tableaux seront blancs ! Quand la majorité dit blanc, c’est blanc !

Que devient la diversité pédagogique, celle qui enrichit les parcours des citoyennes et des citoyens en devenir ? Que dire de ce gâchis consistant à jeter du matériel fonctionnel, encore en service ? La réduction des déchets s’arrête-elle à la porte de la salle de cours d’éducation civique ?

Eh bien, non, en toute conscience citoyenne et professionnelle, un groupe d’enseignants et de parents d’élèves se mobilise. Le 28 juin, après avoir sollicité durant des mois, en vain, que le département et leur chef d’établissement accusent réception de leur demande, ils et elles mettent les tableaux noirs dans leur véhicule pour les préserver de la déchetterie, les mettre à l’abri pour l’été, et les réinstaller à la rentrée.

La chose a lieu en plein jour, en présence du chef d’établissement. C’est là que la machine kafkaïenne se met en marche : arrivée des gendarmes, avec gilets pare-balles et gyrophare, interpellation, audition, perquisition au domicile et, cerise sur le millefeuilles administratif, procédure disciplinaire pour six professeur.es. Les parents d’élèves sont épargnés, sur eux, la hiérarchie n’a pas encore de pouvoir !

Raideurs de la hiérarchie scolaire

Nous voilà donc avec une véritable « affaire des tableaux noirs ». Elle est malheureusement révélatrice des raideurs de la hiérarchie scolaire, de sa violence pour briser toute velléité ­d’initiative de ses personnels.

Une pétition sur Change.org, « Soutenez les tableaux noirs et les professeurs du collège Albert-Camus de Gaillac » a dépassé les 10 000 signatures, et un comité de soutien est en place. La médiatisation a un écho national. Des actions sont prévues.
Il aura fallu deux semaines d’une intense mobilisation pour que, le 18 septembre, la rectrice suspend toutes les procédures administratives à l’encontre des professeurs. Reste la plainte de la principale et la procédure pénale. L’affaire des tableaux noirs continue, enseignantes et enseignants, parents, citoyens et citoyennes restent mobilisé.es pour une école de l’émancipation.

Laurent (SUD-Educ 81)

 
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