Egypte : Un vent libertaire souffle sur le pays




Un Mouvement socialiste libertaire s’organise en Egypte en rassemblant la gauche radicale anticapitaliste et autogestionnaire. Son manifeste est clair : construire une société sans classe basée sur l’auto-organisation du peuple à travers des comités populaires.

Au plus fort de la lutte contre la dictature, la place Tahrir du Caire était un petit laboratoire sans guide ni chef, où des centaines de milliers de personnes ont expérimenté certaines pratiques d’autogestion et d’égalité. Depuis le 25 janvier, le pays est chamboulé par un mouvement spontané d’auto-organisation populaire : comités populaires de quartiers, conseils de villes, associations de toutes sortes, coopératives, syndicats indépendants, nouvelles organisations de gauche et d’extrême-gauche.

Dans ce contexte, l’anarchisme connaît un renouveau prometteur. En effet, introduit en Égypte à la fin du XIXe siècle par des travailleurs grecs et italiens, il a prospéré pendant quelques décennies avant de rentrer dans un long sommeil, d’où il sort seulement aujourd’hui. Preuve en est : le 1er mai 2011, les libertaires avaient leur propre cortège dans les rues du Caire.

Renouveau prometteur de l’anarchisme

Sorti du cœur de la révolution et à un moment historique où la région est secouée par des soulèvements révolutionnaires, le mouvement libertaire égyptien attire des déçus de longue date de la gauche qui sont restés longtemps isolés, des syndicalistes, ou tout simplement des jeunes qui grâce aux nouvelles technologies de communication, développent de la sympathie pour les idées libertaires. Les derniers mois ont vu la naissance de petits groupes dans les grandes villes et, il y a peu, du Mouvement socialiste libertaire (MSL) qui a vocation à construire une organisation à l’échelle du pays.

Créé le 23 mai au Caire, ce nouveau groupe espère rassembler une partie de la gauche anticapitaliste et les déçu-e-s de la gauche égyptienne.
Le MSL a déjà publié un manifeste énonçant ses objectifs immédiats, en attendant de rédiger un texte fondateur plus détaillé. Dans cette période focalisée sur la future constitution démocratique, le MSL revendique une démocratie radicale : la garantie de toutes les formes de liberté humaine, une république parlementaire couplée à une décentralisation administrative gérée par des conseils locaux des quartiers aux régions, une redistribution poussée des richesses et l’autogestion des entreprises. L’objectif est d’arriver à terme à « la construction d’une société libertaire qui ne repose pas sur l’action d’une « autorité libérale » mais sur la volonté des coopératives sans autorité centrale de manière à ce que la société sans classe puisse s’auto-organiser à travers les comités populaires et les comités locaux, contre l’autorité d’un Etat central et répressif ». L’Égypte, le Maroc, l’Algérie, la Syrie… ces pays connaissent aujourd’hui l’émergence d’individus et de groupes s’inspirant du communisme libertaire.

Il est plus que nécessaire de les soutenir aujourd’hui et de nouer des relations solides dans le but de sortir de son sommeil l’idée d’une internationale libertaire.

Hervé et Fayçal (AL Marseille)

 
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