Entreprises : La lutte des classes, c’est aussi dans les PME !




Alors que les luttes dans les grandes boîtes qui licencient sont à juste titre sous les feux des projecteurs, dans les petites et moyennes entreprises (PME) aussi, les attaques se multiplient. La riposte y est difficile à construire.

La France compte 2 550 000 PME, qui représentent 97,4 % des entreprises et 48 % des salarié-e-s. Fleur Pellerin, ministre socialiste, considère que « la lutte des classes n’[y] existe pas ». La réalité est tout autre : les intérêts entre salarié-e-s et patrons y sont antagoniques, les premiers mettent leur force de travail à disposition et n’en recueillent pas le fruit, ne décident pas de l’organisation du travail, du rythme, des investissements, etc.

Des spécificités

Le mythe de la gentille PME contre la méchante multinationale sert d’alibi à ceux qui veulent réduire la violence du système économique à quelques excès limités aux entreprises du Cac 40. Certes, une PME, très souvent sous-traitante ou filiale d’un grand groupe, subit directement les choix de son donneur d’ordre. Dès lors, comment mobiliser quand l’entreprise perd un contrat et qu’il apparaît inéluctable de licencier au risque, sinon de fermer ? Les PME jouent pourtant un rôle spécifique dans l’organisation et la division capitaliste du travail. Elles fragilisent leurs propres salarié-e-s, tout en servant au chantage exercé envers celles et ceux des grandes entreprises. L’absence d’implantation syndicale, de droits syndicaux dans les entreprises de moins de 11 salarié-e-s, le recours massif aux CDD et à l’intérim, permettent de casser un cadre collectif de travail. La structuration juridique de l’économie en multiples PME, servant de variable d’ajustement mais elles-mêmes parties prenantes de ce système, donne l’illusion de situations isolées. Ainsi, les salarié-e-s ne se positionnent que par rapport à « leur entreprise », ce qui les amène facilement à « comprendre les difficultés du patron ».

Le bâtiment et l’automobile

Prenons la lutte chez PSA. Si les salarié-e-s de l’usine d’Aulnay sont en grève depuis des semaines, la situation est radicalement différente chez les sous-traitants. Considéré-e-s comme des salarié-e-s de seconde zone, celles et ceux qui y travaillent ont du mal à participer à la lutte alors qu’ils seront les premiers touchés. Les syndicats jouent ici un rôle, par leurs choix de structuration, leurs campagnes qui s’adressent à certains salarié-e-s et pas à d’autres, l’absence d’analyse sur ces entreprises. Le bâtiment est un autre secteur touché par des suppressions d’emplois et des conditions de travail déplorables. Plusieurs problèmes se conjuguent : la sous-traitance de sous-traitance, les grands groupes composés de centaines de succursales, une rigueur budgétaire empêchant de nombreux projets, une absence de vision de politique de la ville... Face à cela, le syndicalisme est quasiment absent, et les salarié-e-s ont peu de marge de manœuvre : comment recréer du lien entre les différents chantiers ? Comment construire une riposte globale ? Il suffit de voir la dernière campagne de la Fédération nationale du bâtiment, appelant à toujours plus de dumping social, et donnant aux salarié-e-s des réponses individuelles, telles que l’auto-entrepreneuriat.

Pourtant, des luttes existent aussi dans les PME. Celle menée au cinéma Les Carmes d’Orléans en témoigne, mais aussi ce qui se passe de temps à autre dans l’industrie, même si les médias n’en parlent pas. Le syndicalisme révolutionnaire a un rôle clé à jouer, à condition de mettre en œuvre quelques mesures identifiées depuis longtemps : des syndicats qui rassemblent les salarié-e-s au-delà des divisions décidées par le patronat, une bataille pour la ré-internalisation des activités et donc des salarié-e-s au sein des entreprises donneuses d’ordre, des tournées et permanences en direction de ces derniers, le développement des unions locales interprofessionnelles…

Mouldi C (AL Transcom) et RoberK (AL Montreuil)

 
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