Facs en grève, deuxième semestre : Cours de flash-ball




Face au durcissement de la grève universitaire, le gouvernement sort tout son arsenal. Les médias, les administrations, sans oublier la police, s’acharnent contre les enseignantes et les étudiants qui luttent.

Le mouvement universitaire dure depuis quatre mois. Pourtant, qui s’aperçoit aujourd’hui que 70 facs sont mobilisées, dont 45 en piquets de grève ? Le gouvernement n’est pas étranger à l’absence de relais de la mobilisation par les médias. En organisant sa censure, il espère le pourrissement du mouvement dans le temps. En effet, alors qu’il vient à peine de mettre un terme au mouvement des lycées ainsi que de céder face aux révoltes antillaises, il n’est pas question pour lui de reculer.

Face au silence du pouvoir et à l’attentisme des directions syndicales, mais aussi en alternative aux manifestations routinières qui n’aboutissent à rien, les étudiants et enseignants se sont résolus à montrer leur détermination par la radicalisation des modes d’action, comme l’ont appelé les dernières Coordination nationale étudiante et Coordination nationale universitaire (CNE et CNU).

Tir à bout portant

Ce durcissement du mouvement a entraîné une réponse, certes, mais pas celle espérée : le gouvernement a concocté sa petite recette habituelle pour couper l’herbe sous le pied des étudiants et personnels mobilisés en lançant une grande campagne d’intimidaton et de répression.

Les directives de l’État sont claires. Les personnels sont soumis aux pressions administratives, comme le décompte des jours de rétention de notes en jours de grèves. Envers les étudiants c’est la violence policière qui prime : charge des forces de police sans sommation, gazage systématique, multiplication de l’arsenal policier. Les CRS ne se gênent même plus pour forcer les facs bloquées et déloger les occupants, comme cela s’est produit deux fois déjà à Reims.

Le 18 mars dernier, Sarkozy annonçait seize mesures policières pour combattre le phénomène de « bandes violentes », à savoir la mise en place d’une police d’agglomération, d’un fichage massif, de peines de trois ans d’emprisonnement ferme pour violence en bande organisée ainsi que du délit d’intrusion dans les établissements scolaires. Aussi, il préconise le filtrage et le renforcement du contrôle aux entrées de ces derniers, ce qui explique la présence en nombre de vigiles dans les facs, contrôlant les cartes étudiantes – une pratique illégale. Au lendemain de cette déclaration, la répression policière atteignait son paroxysme dans plusieurs villes lors des manifestations et des émeutes du 19 mars.

C’est le cas de Toulouse où a eu lieu une action d’auto-réduction (qui consiste à négocier la sortie de marchandises d’une grande surface afin de les redistribuer) dans un Monoprix en plein centre-ville. Alors que l’action se déroulait sans encombre, les CRS et la BAC ont chargé les étudiants installés en chaînes devant les portes du magasin. Au cours des trois charges successives, ils ont matraqué les manifestants pris de panique et tiré au flash-ball dans la foule sans respecter les distances réglementaires. Au bilan : de nombreux blessés, dont un étudiant touché à l’œil par un tir à bout portant. Ce dernier, toujours hospitalisé, ne recouvrera sans doute jamais la vue. À Paris, le même jour, on a compté 300 arrestations, ainsi que 50 gardes à vues et inculpations, dont certaines risquent de se solder par de la prison ferme.

Au-dessus des lois

Les étudiants et les étudiantes ne sont pas décidé-e-s à se laisser prendre au piège et vont continuer la lutte coûte que coûte. La huitième CNU propose d’ores et déjà la création d’une commission nationale contre la répression tandis que naissent des collectifs au niveau local. Il s’agit de faire face à la répression judiciaire, de soutenir les victimes des violences et de manifester partout notre refus d’un Etat sécuritaire et répressif, d’une police au-dessus des lois. Dès à présent, unir les forces pour résister devient une nécessité, notamment par le biais d’actions conjointes avec les travailleurs et les travailleuses des autres secteurs.

Camille (AL Toulouse)

 
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