Foyers d’immigrés : coup de semonce




Alors que les foyers de travailleurs migrants sont dans un état de plus en plus déplorable, le manque de chambres conduit souvent les résidents à héberger des proches, contre l’avis de la Sonacotra qui joue la carte de l’intimidation, brandit des menaces d’expulsion et procède à des contrôles, assistés par des flics en surnombre.

Courant décembre, un tiers des résidents du foyer Chevaleret (Paris XIIIe) a reçu une lettre de mise en demeure, les accusant d’héberger des personnes, visiblement soupçonnées d’être des sans-papiers. Les résidents ne nient pas la « suroccupation », qui est une pratique qui a toujours existé, dans la mesure où le manque de places en foyers a toujours contraint bon nombre de travailleurs migrants à recourir au système D pour se loger.

Ce « plan » a déjà fonctionné dans certains foyers de banlieues. La Sonacotra attaque ensuite en justice les résidents pour obtenir leur expulsion des foyers. On s’attend à voir débarquer la police courant décembre à Chevaleret. Pas question de laisser un tel scénario se reproduire !

Une partie de la suroccupation est officielle : alors que, du point de vue juridique, les résidents devraient être logés dans des chambres individuelles, les foyers ne proposent que des chambres à trois lits, malgré des réhabilitations parfois récentes. Ceci n’empêche pas la Sonacotra de faire payer trois loyers au lieu d’un seul (jusqu’à 206 euros par lit pour une chambre de 25 m2 à trois lits !).

Indifférence des pouvoirs publics

Plus généralement, l’opacité et le mépris semblent être la devise des gestionnaires : ils ne viennent pas aux réunions de concertation, et se permettent parfois de fouiller les chambres des résidents en leur absence. L’entretien et la maintenance ne sont presque plus assurés dans certains foyers. Notons que le soi-disant « plan de cohésion sociale » de Borloo n’aborde même pas la question des foyers.

Malgré la situation, la mairie du XIIIe (PS, PC, Verts, Alternatifs) n’envisage aucune extension ni réhabilitation des foyers. Elle prétend préférer loger les résidents en « diffus », c’est-à-dire leur trouver des places en HLM. En réalité, rien n’est fait et pour cause, étant donnée la crise générale des logements sociaux sur Paris. Les résidents semblent assez résignés et n’attendent aucune aide des ambassades de leurs pays respectifs. Peu de résidents se déplacent pour rencontrer les députés sénégalais ou maliens qui se paient parfois une « tournée des foyers » en France au moment des élections...

Solidarité !

Prenant acte de la faiblesse de la mobilisation et parfois du découragement au sein des foyers, plusieurs organisations s’efforcent d’encourager la solidarité des habitants de l’arron- dissement, pour ne pas laisser les résidents isolés face à la Sonacotra et à la police.

Un appel large, dénonçant entre autres la dégradation des foyers et le manque de lits, a rassemblé aussi bien des comités de résidents, des associations du XIIIe que des organisations allant d’AL à Réseau chrétien-Immigrés, en passant par le Mrap, le PCF, la LCR ou les Alternatifs. Une manifestation de soutien aux résidents, passant par trois des foyers du XIIIe, a été organisée et annoncée par un collage de 300 affiches sur l’arrondissement.

Les camarades du PCF et des Alternatifs ont été très présents aux réunions de préparation, sans doute désireux de compenser l’inefficacité de la mairie à régler le problème. Au départ pas très enthousiastes à l’idée d’une manif, finalement assez partants, ils ont tout de même obtenu que le parcours soit « moins agressif » en se terminant non face à la mairie, mais face... au centre commercial Italie 2, de l’autre côté de la place ! Certes on peut comprendre que désormais, la « gauche plurielle » étant aux manettes à Paris et dans la Région Ile-de-France, le PCF et les Alternatifs préfèrent renvoyer toute la responsabilité sur l’État... mais dans la démarche de solidarité, il s’agit de s’adresser à la population, pas de faire plaisir à des élus, quelle que soit leur couleur politique !

Les pouvoirs publics ont prouvé leur indifférence. Seule la lutte paiera pour obtenir la rénovation et l’extension des foyers, ainsi que l’annulation des sanctions à l’égard des résidents.

Grégoire (AL Paris-Sud)

 
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