GAFAM : Logiciels libres et éducation




À l’occasion du vote en juillet 2013 de la loi dite d’orientation et de programmation pour la refondation de l’école de la République, les partisanes et partisans des logiciels libres ont vu leurs espoirs s’évanouir. Heureusement, ici et ailleurs, des résistances s’organisent.

Faire de l’école un lieu épanouissant pour tous et toutes, un lieu où seraient donnés à chacun.e les outils pour se construire un esprit critique et créatif, un lieu où l’entraide et le partage prévaudraient sur la compétition, un lieu où primerait l’intérêt général au détriment des intérêts particuliers et notamment économiques : voilà une douce utopie qu’il aurait été facile d’emprunter dans le domaine des TICE (technologies de l’information et de la communication pour l’enseignement).

Si les GAFAM visent clairement le champ de l’éducation à grands coups d’opérations marketing, d’autres acteurs capitalistes, plus discrets, œuvrent également pour la propriété privée et contre les logiciels libres. Lors des travaux préparatoires de la loi dite d’orientation et de programmation pour la refondation de l’école de la République, ceux-ci se sont opposés très directement à une disposition adoptée par la Commission de la culture, de l’éducation et de la communication donnant « la priorité au logiciel libre et aux formats ouverts dans le futur service public du numérique éducatif ». Cette disposition, si elle avait été adoptée, aurait sans doute empêché la signature du protocole entre l’éducation nationale et Microsoft en novembre 2015.


Lire : « Numérique : Pour une école libérée des Gafam », décembre 2018


Cette petite avancée a néanmoins été vue comme un véritable « cheval de Troie » pour le Syntec numérique (syndicat de l’industrie numérique dont les acteurs du libre se sont dissociés depuis 2005) et l’Afinef (Association française des industriels du numérique dans l’éducation et la formation) qui dans une lettre ouverte adressée au gouvernement d’alors s’inquiétaient que ceci ne « porte atteinte au principe de neutralité technologique ».

Comme toujours, c’est sous couvert de liberté que les tenants de la propriété privée et des intérêts capitalistes mènent leurs campagnes idéologiques. Sous couvert de risques juridiques liés au non-respect des règles de marché, de volonté de sauvegarde du « pluralisme et [de] la neutralité technologique, adossés à l’inter­opérabilité » (interdit de se marrer !) et enfin, arme absolue, de sauvegarde des emplois, ces industriels sont venus opportunément aux côté d’un gouvernement qui s’était opposé à cette mesure. Le résultat final dans la loi parle seulement de tenir compte de l’offre de logiciels libres et ouverts si elle existe ou encore d’incitation aux logiciels libres. Dans les faits, rien ne change vraiment et les professionnel.les de l’éducation ne sont, sauf exception, ni sensibilisés, ni formés à l’utilisation des logiciels libres.

Des solutions existent cependant et sont promues ardemment par des acteurs engagés, petites mains de l’éducation, ou des réseaux associatifs. Mais ailleurs, des collectivités se sont engagées plus en avant en faveur du libre, comme par exemple Barcelone ou Montréal qui migrent progressivement vers le 100 % libre pour leurs administrations. Pour cette dernière, un responsable de la ville parlait même des choix opérés d’utiliser des logiciels sous licences, comme étant « du menottage informatique ». Pour une société libérée de toutes les menottes faisons donc toutes et tous, collectivement, le choix du libre !

David (groupe de travail libriste d’AL)

 
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