Grands projets inutiles : Convergences écologistes en Roumanie




Le IVe Forum contre les grands projets inutiles et imposés qui s’est tenu en Roumanie en mai a été porteur d’avancées significatives. Contre les gaz de schiste ou les lignes à grande vitesse, mais aussi pour une alternative au capitalisme et un internationalisme concret.

Rosia Montana (Roumanie), 11-13 mai 2014 : des collectifs écologistes en lutte venus de l’Europe entière, et au-delà, se retrouvent pour le IVe Forum contre les grands projets inutiles et imposés (GPII)  : mouvements turcs, anglais ou marocains ont rejoint les plus habitués du Forum, comme les « No Tav » et autres activistes en lutte contre les lignes de train à grande vitesse, ou encore les militants de Notre-Dame-des-Landes. Par ailleurs, le mouvement roumain qui accueillait a ouvert ou approfondi certains axes de convergence avec d’autres luttes.

A Rosia Montana, l’association Alburnus Maior, fondée par un paysan, résiste depuis qua­torze ans à une société canadienne qui veut raser des villages pour exploiter la plus grosse mine d’or d’Europe. Les enjeux de la souveraineté des occupants et occupantes d’une région (sur leur écosystème, leurs emplois, l’autonomie alimentaire) et sur les manières d’y parvenir ont donc été au cœur des débats. Comme les gaz de schiste (en Roumanie, Chevron s’apprête à extraire), l’offensive des compagnies minières partout en Europe, le traité transatlantique...

Contre le capitalisme et l’électoralisme

Le mot d’ordre rassembleur d’anti-extractivisme a dominé les débats, permettant de poser la question des limites écologique en même temps que de rapprocher des luttes : exploitation des gaz de schiste, d’hydrocarbures divers, projets miniers, déforestation. De nouvelles dynamiques entre les collectifs se sont créées sur ces thèmes. Pour la première fois aussi les alternatives aux projets ont été mises en débat, car elles amènent une réflexion sur ce qui est vraiment utile aux habitants et aux usagers, ou encore sur les moyens de faire revivre les régions dévastées socialement par les grands chantiers.

Mouvements de masse

Enfin et surtout le concept de GPII, porteur mais contesté, a été discuté dans l’intention de le repolitiser. La définition de la charte de Tunis, adoptée au Forum social mondial de mars 2013, a été réaffirmée et approfondie, dans l’idée que l’on peut générer des mouvements de ­masse contre des logiques capitalistes qui sont partout les mêmes : arguments de la croissance, de l’austérité, chantage à l’emploi des pouvoirs publics qui tentent de convaincre du bien fondé des projets, offensive des sociétés privées et multinationales, complicité des États. Un rejet unanime des partis politiques électoralistes s’est aussi nettement formalisé.

Enfin, ce qui s’est révélé, c’est la force du réseau qui est en train de se créer contre les grands projets. D’une part, son ampleur désormais internationale était palpable, avec la volonté d’une solidarité sans frontières dans les luttes et contre la répression et la criminalisation croissante des militants de ces collectifs, et du mouvement social et écolo en général. D’autre part, l’inévitable question de la réoccupation des sites, pose un horizon politique fort, celui de l’usage et de la propriété du sol.

À court terme, le réseau veut se matérialiser via un site web commun, décliné en six langues. À moyen terme, on envisage une prochaine édition du Forum en Turquie ou au Pays basque, où le caractère populaire des mobilisations est à souligner. L’urgence de convergences concrètes est aussi de mise sur certains sujets notamment la contre-offensive sur le traité transatlantique, et sur la conférence climatique qui se tiendra à Paris en décembre 2015.

Fanny (commission écologie),
avec le témoignage de Camille

 
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