antifascisme

Harcelée d’un côté, trahie de l’autre : courage, Sonia Nour !




Que l’extrême droite réclame la tête d’une militante afroféministe et communiste, c’est habituel. Que son patron, le maire PCF de La Courneuve, lui savonne la planche, ça l’est moins. Honte à lui, et soutien à elle !

Sonia Nour est une militante afroféministe et communiste assez connue sur le réseau social Facebook, où elle pourfend régulièrement les politiques antisociales et les hypocrisies sexistes ou racistes, avec un goût certain pour la controverse.

Or, dans un billet publié au lendemain de l’attentat de Marseille, elle a osé comparer le traitement médiatique réservé aux meurtres djihadistes, au silence qui entoure les violences patriarcales – en France, une femme meurt sous les coups de son conjoint tous les deux jours ou trois jours, en moyenne.

La remarque est pertinente, mais Sonia Nour a écrit un peu trop vite. Et a commis une faute en qualifiant le djihadiste de « martyr » sans mettre de guillemets. Pourtant, pour toutes celles et ceux qui la lisent d’ordinaire, il est évident qu’il s’agit là d’une maladresse qui ne reflète pas sa pensée. Cette maladresse – sur laquelle elle reviendra par la suite – va cependant provoquer un scandale dont les répercussions n’auront rien de virtuel.

Trois heures après la publication de ce billet, Boris Le Lay, un troll fasciste notoire, sonnait le tocsin dans la fachosphère. Et appelait à écrire à la mairie de La Courneuve (93), employeur de Sonia Nour, pour « exiger son renvoi ».

Vingt-quatre heure plus tard, le web d’extrême droite était rempli d’articles tous plus ou moins repiqués les uns sur les autres pour dénoncer une injure faite à « la France », et Sonia Nour était bombardée de messages d’insultes, de menaces de mort ou de viol – largement agrémentés de commentaires racistes.

Elle y a d’abord répondu avec ironie.

Puis avec agacement.

Enfin, elle a tâché d’user de pédagogie.

Mais le coup de poignard dans le dos est venu de son « camarade » et employeur. Le 3 octobre, Gilles Poux, maire PCF de La Courneuve a en effet suspendu Sonia Nour, et l’a convoquée devant un conseil de discipline pour ses « déclarations excessivement graves […] qui minimisent et banalisent des actes de terrorisme ». Honte à ce triste sire, par ailleurs assez défavorablement connu pour la brutalité de sa politique envers les Roms.

Sonia Nour, qui a demandé à la CGT de la défendre, a reçu des soutiens au sein du PCF – même si pour l’instant la direction du parti reste muette.

Qu’elle ne désarme pas ; qu’elle ne renonce pas à s’exprimer. Elle sortira de cette misérable affaire la tête haute. L’extrême droite, elle, aura tôt fait de se lasser et de chercher d’autres exutoires à sa haine. Mais les lâches qui, à gauche, l’auront laissée tomber, s’en mordront longtemps les doigts.

Guillaume Davranche (AL Montreuil), le 5 octobre 2017

 
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