Idéologie : Plusieurs mots, un même antiféminisme




Il y a des masculinistes revendiqués, qui affichent des postures sexistes et misogynes, comme Eric Zemmour en France ou André Gélinas au Québec. Mais d’autres, peut être plus dangereux, se cachent derrière une façade antisexiste et égalitaire... Petit tour d’horizon des idéologies masculinistes.

Certains groupes masculinistes se présentent comme des groupes de prise de conscience et de réflexion. Ils tentent ainsi de se définir comme des masculinistes « progressistes ». Ainsi sur le site Hom-info, on apprend que le courant masculiniste au Québec est un mouvement de «  prise de conscience des effets sur les hommes des stéréotypes associés à la condition masculine ». Lutter contre le sexisme, sympa non ? Pourtant, un peu plus loin on peut lire que « les féministes ont durement mis à l’épreuve les fondements de ce qu’était la masculinité » : les femmes, voilà les vraies coupables !

Le masculinisme « égalitaire », de même, serait le pendant masculin du féminisme. Ainsi, sur le blog « Vision lucide-masculinisme égalitaire », on peut lire que « masculinisme ne veut pas dire anti-féministe, il veut dire complémentarité au féminisme : le féminisme a besoin du masculinisme pour être équitable ou égalitaire. » Égalitarisme ? Pourtant, sur ce site, on trouve un article anti IVG, plusieurs articles niant la réalité des violences faites aux femmes ou l’existence d’inégalités salariales. Les différences de salaire viendraient du fait que les femmes travaillent moins. De même ce seraient les femmes qui empêcheraient les hommes de prendre part au travail domestique en voulant avoir toute la place à la maison ET concurrencer les hommes sur le marché du travail.

Les hoministes, enfin, qui parfois récusent le terme de masculinistes. Ainsi le site la cause des hommes, prétend que « l’hominisme affirme l’égale dignité, l’égale valeur, l’égale responsabilité des deux sexes, ce qui implique l’égalité de leurs droits comme de leurs devoirs. Les hoministes se reconnaissent dans les combats antisexistes de toutes les époques. » Pourtant, on retrouve plus loin tous les thèmes chers au masculinisme : l’échec scolaire des garçons (méchantes enseignantes !), le malheur des pères divorcés (méchantes épouses !), la montée d’une idéologie misandre (méchantes féministes !), la négation des inégalités de genre que ce soit en terme de violences ou de représentation.

Vigilance féministe

On retrouve dans ces idéologies la même rhétorique masculiniste insidieuse, qui cherche à attaquer les droits des femmes, mais pas de manière frontale : on affirme faussement qu’hommes et femmes subissent autant le sexisme, ou même on opère un renversement des inégalités, ce qui conduit à culpabiliser les femmes tout en victimisant et déresponsabilisant les hommes... La conclusion politique va de soi : il faut rétablir « l’égalité » et donc déconstruire les privilèges féminins !

Face à de telles stratégies de dissimulation, chacune et chacun doivent rester vigilants et ne pas se laisser endormir par des discours pseudo égalitaires qui doivent être dénoncés pour ce qu’ils sont : des idées réactionnaires, anti sociales et antiféministes. Et cela est d’autant plus urgent que ces idées nauséabondes gangrènent jusqu’aux milieux militants libertaires où nous, les féministes, sommes souvent accusées de culpabiliser nos camarades masculins quand ils ont des attitudes sexistes, ou de reproduire des logiques d’exclusion quand nous revendiquons un « entre-soi » nécessaire à notre émancipation.

Auréline (AL Toulouse) et Mafalda (AL Angers)

 
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