Industries papetières : La tempête des Alizay




Une véritable tempête balaye les entreprises papetières qui, en France, sont majoritairement aux mains de multinationales du nord de l’Europe et ravage l’emploi malgré les capacités forestières du pays. Mais un petit village normand résiste et sauve son usine après trois ans de mobilisations : le groupe M Real à Alizay.

L’équipe syndicale était soudée et les assemblées générales régulièrement réunies pour permettre aux salarié-e-s r de décider des suites de la mobilisation. Cela a permis un mélange savant d’actions d’éclat et de négociations avec la préfecture, les élus locaux, les ministères, la direction du groupe M Real (finlandais) et avec les éventuels repreneurs. Mais également de réflechir sur la production elle-même et sa possible évolution. Le tout avec l’appui d’un comité de défense pluraliste même si certains élus PCF étaient parfois moins pluralistes que d’autres…

Fin 2009, l’usine gavée de subventions du conseil général (PS) de l’Eure est menacée de fermeture avec encore 400 salarié-e-s à l’intérieur. Pour une petite ville la catastrophe sociale est majeure. Une période de lutte classique contre les licenciements et la fermeture est engagée. Mais la multinationale entend bien fermer le site. La production est arrêtée au printemps 2012. Pour autant, la lutte ne cesse pas. La bataille prend alors une autre dimension pour trouver des repreneurs. Mais du coup, c’est M Real qui refuse de céder une usine parfaitement viable à un concurrent qui se renforcerait en reprenant la production. Et c’est dans ce contexte que François Hollande et Arnaud Montebourg en viennent durant la campagne présidentielle (comme à Florange) à promettre une loi pour contraindre un patron à vendre son usine en cas de repreneur crédible déclaré. Promesse juridiquement difficile à mettre en œuvre sans déclarer illégal le capitalisme lui-même ! Mais quand on veut on peut. Comme cela a été dit à Alizay on pourrait étendre la notion « d’expropriation pour utilité publique » à la sauvegarde des emplois. Mais à ce jour on ne sent guère la détermination du PS…

Une expérience à poursuivre

Un repreneur pourtant existe bel et bien. Un patron intéressé par les capacités de production électriques d’une telle usine. Et puis il y a Double A, multinationale thaïlandaise qui souhaite réorienter la production vers du papier haut de gamme et s’attaquer aux marchés européens depuis cette usine normande. Ce qui donne à réfléchir sur la place des capitalistes français dans l’économie capitaliste mondialisée. Ils ont beau garder toute leur arrogance, nos bons bourgeois font des enfants justes capables de gérer des restaurants de plage…

Mais M Real refuse toujours de vendre. La bataille des salarié-e-s fait alors tellement de bruit dans le département qu’en décembre dernier le Conseil général (CG) vote (à l’unanimité !) le rachat du site. Chose faite fin janvier pour le revendre dans l’heure à Double A qui promet de relancer la production dès le printemps avec 200 salarié-e-s. Le CG gardant quelques hectares de terrain avec l’idée d’y faire pousser une zone industrielle.
Reste à garantir l’avenir des principaux délégués syndicaux qui ont conduit la bataille et qui sont sur toutes les listes rouges des employeurs normands… Et la lutte des classes continue enrichie d’une expérience supplémentaire en attendant que les travailleuses et des travailleurs s’emparent eux-mêmes des usines !

Jean-Yves Lesage (AL Seine-Saint-Denis)

 Plus d’infos sur le site :
developper-m-real-a-412.over-blog.com

 
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