Iran : Une agression militaire pas si improbable




L’administration étatsunienne mène une activité diplomatique intense en direction des États occidentaux pour les convaincre d’opter pour une politique plus ferme vis-à-vis de l’Iran. Une guerre pourrait bien mettre le feu à la poudrière du Moyen-Orient et avoir des répercussions mondiales.

Depuis plusieurs mois, Washington cherche à obtenir un maximum de soutien pour un recours à la force contre l’Iran. Cette position se fonde officiellement sur la menace nucléaire que l’Iran ferait courir au monde. Ce mobile en cache d’autres, car, ces derniers mois, l’administration Bush a intensifié la déstabilisation financière, économique et militaire de l’Iran, l’État d’Israël jouant un rôle clé dans cette stratégie.

Ce lobbying commence à porter dans la mesure où il a permis à l’État français d’officialiser son alignement sur la politique belliciste étatsunienne (voir les dernières déclarations de Nicolas Sarkozy, Bernard Kouchner...). Les dirigeants US et israéliens ne cachent même plus leur projet d’attaque de l’Iran. Une telle perspective peut même être datée, puisque plusieurs officiels ont évoqué le projet de bombardement d’ici janvier. Et l’État français souffle de toutes ses forces sur les braises.
Il existe un sérieux risque d’internationalisation de la guerre avec ce que cela suppose (armes nucléaires « tactiques » à uranium faiblement enrichi, tension avec la Russie et la Chine, opposés aux projets atlantistes, menaces d’attentats aux États-Unis, en France...).

À ce jour, avec les GI submergés en Irak et de plus en plus débordés en Afghanistan, et avec la crise politique au Pakistan, l’option terrestre est écartée.

Balayer devant sa porte

Il n’est pas question de faire preuve de la moindre complaisance vis-à-vis du régime réactionnaire iranien. Mais une intervention militaire occidentale ne pourrait qu’enfoncer les mouvements d’opposition démocratique (luttes des étudiants, des femmes...). Le refus de voir l’Iran se doter de l’arme atomique est légitime quand on se bat pour la dénucléarisation du monde. Dans ce cas, il faut non seulement œuvrer pour que le Pakistan, la Chine et l’Inde renoncent à l’arme atomique, mais surtout pour que France, Israël, Russie et États-Unis en fassent autant. De plus, La France partage une responsabilité écrasante dans cette crise dans la mesure où sa politique a contribué à la prolifération du nucléaire (comme le montrent les derniers évènements en Libye).
Néanmoins, même si la France ne participe pas à une opération militaire, son alignement sur Bush doit être dénoncé avec bien plus d’énergie. Agir contre la guerre (ACG) et plusieurs organisations ont mené des premières actions en novembre. Certes, tous les yeux sont tournés vers les mobilisations sociales, mais ces menaces de guerre contre l’Iran ne peuvent être prises à la légère.

Laurent Esquerre (AL Paris Nord)

 
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