Jeunesse : La brèche est ouverte




De la maternelle à l’université, les attaques se multiplient à un rythme effréné. Face aux logiques d’exclusion, la tension monte dans tous les secteurs de l’éducation. Les lycéennes et les lycéens et les enseignants des facs nous ouvrent déjà la voie.

LRU, plan campus, plan licence, masterisation des concours d’enseignement, réforme doctorale et du décret de 1984 pour les facs. Loi Fillon, Bac pro en trois ans, rapport Jolion et loi Darcos pour les lycées ; suppression des IUFM, des Rased pour l’école primaire ; menace sur les maternelles : voilà l’essentiel du programme contre la jeunesse. Tout cela converge vers un seul et unique objectif : privatisation, profits immédiats, sélection sociale, exclusion des plus pauvres, précarisation des un peu moins pauvres… En somme un projet antisocial, celui du Medef, qui jubile.

Une tension latente

Face à cela, des voix s’élèvent, certes dispersées, mais de plus en plus audibles. La tension est palpable dans tous les secteurs de l’Éducation, et le gouvernement le sent, si l’on se fie au report du projet de loi Darcos sur les lycées à septembre 2009, au nombre de postes au Capes maintenu par rapport à l’année précédente malgré les milliers de postes supprimés pour la prochaine rentrée ou à la Lettre de la Conférence des présidents d’université qui craint que les réformes gouvernementales mettent « le feu aux poudres »  [1].

La mobilisation des lycées les mois dernier a ouvert une brèche. Dans les universités, les enseignants et les enseignantes sortent de leur léthargie. Un réveil motivé par des intérêts au premier abord corporatistes (casse de leur statut) mais qui s’est rapidement ouvert aux étudiantes et aux étudiantes sur la question de la mastérisation des concours, les rejoignant parfois dans les assemblées générales. Cette motivation s’exprime par des formes d’action plus douces que la grève [2] (rétention des notes, motions des conseils centraux, non remontée des maquettes des futurs masters enseignement... Ces actions sont toutefois plus radicales que ce à quoi ils et elles nous avaient habitués. Autant de signes plutôt prometteurs malgré l’absence de loi fédératrice comme ont pu l’être le CPE et la LRU les années précédentes. Reste donc à faire le lien entre tous les secteurs de l’Éducation et plus encore avec les salarié-e-s qui ont défilé le 29 janvier.

Un axe : la redistribution des richesses

Les choix éducatifs d’une société révèlent la direction qu’elle prend. Il s’agit bien ici de spéculer sur notre avenir de futures travailleuses et travailleurs. Déqualifier nos formations, c’est déqualifier nos emplois futurs, quels qu’ils soient. Nous précariser aujourd’hui c’est nous habituer à être plus précaires demain. Les exemples européens en tête (Grèce, Espagne), ce thème peut devenir central et fédérateur pour les étudiantes et les lycéens obligés de travailler .

Pour s’extraire de la main de fer du capitalisme, il faut lui opposer un véritable projet social. Il faut mettre sur la table la redistribution des richesses, qu’elles soient matérielles comme les salaires, ou sociales comme l’éducation et la santé. « Les caisses sont vides » pour la majorité, mais sont pleines de milliards d’euros pour les accapareurs. Assez pour embaucher 2,5 millions de fonctionnaires de plus pendant quatre-vingt ans ! Dans les semaines et les mois à venir, nous devrons travailler à la convergence de toutes et tous pour une véritable redistribution des richesses.

Mathilde (AL Rennes)

[1Lettre publiée dans Le Monde du 5 janvier 2009.

[2Plus de détail sur le site de « Sauvons l’Université » : www.sauvonsluniversite.com

 
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