Kurdistan : Après Kobané, l’espoir




Suite à la reprise de Kobané par les forces kurdes, on peut espérer qu’un mouvement d’émancipation collective va se mettre en marche dans la région.

La reprise de Kobané par les forces du YPG et du YPJ (rassemblant les femmes combattantes) est une grande victoire pour la révolution au Rojava. Cependant, nous n’en sommes qu’au début. Au début d’un conflit dont l’issue reste incertaine, et au début d’une révolution porteuse d’espoir pour toute une région, mais dont le parcours reste parsemé d’embûches.
Si Daech vient de subir un revers majeur dans sa stratégie d’expansion, il continue de renforcer ses positions et de faire régner la terreur dans les territoires qu’il occupe. La violence qu’il fait régner dissuade jusqu’à présent les tentatives de résistance intérieure qui se bornent (en courant de nombreux risques) à envoyer des informations. L’État turc ne semble pas décider à relâcher la pression sur le PKK au sein de ses frontières, ni en dehors. Et malgré les timides avancées sur le plan diplomatique, le PKK est toujours considéré comme une organisation terroriste, rendant toute solidarité compliquée (en témoigne la condamnation récente de militants kurdes en France).

Déjouer les pièges

Les informations qui nous parviennent des autres cantons du Rojava font état d’un processus révolutionnaire en cours. Différentes tendances s’expriment, mais toutes s’accordent sur une base commune, l’autonomie, la représentativité de toutes les communautés, l’assemblée souveraine.
Si, en tant que libertaires, cela nous laisse rêveur, il ne faut pas idéaliser la situation. Des tentatives de coopératives se mettent en place, mais l’heure n’est pas encore à la socialisation des moyens de production. La branche militaire du mouvement n’a pour l’instant fait preuve d’aucune velléité de prise de pouvoir, mais le PYD, et le PKK à travers lui, conserve une place prépondérante.

Naissance d’un système

Öcalan fait toujours figure de guide, et sa parole est parole d’évangile. Comme nous le disait un membre de la branche jeunesse du PKK, « Si Öcalan dit marche, je marche, s’il dit de s’arrêter, je m’arrête  ». Cependant, le mouvement kurde s’est élargi ces dernières années, jusqu’à rassembler une partie de l’extrême gauche autour de lui. Ainsi des voix divergentes s’expriment, sans pour l’instant être réduites au silence. Au Rojava, on parle de la Commune de Paris, de Simone Weil, de Max Weber, de démocratie directe.

Il faut se garder de plaquer des schémas sur une histoire en marche. Ce qui se joue au Rojava est la naissance d’un système qui sera propre à ces populations. La polyphonie culturelle de la région les oblige à garder au cœur des discussions cet état de fait : l’autre est un autre, il n’a pas les mêmes croyances, ni le même mode de vie. La question est comment s’organiser pour que tout le monde puisse vivre en paix. Les pièges sont nombreux, à la fois à l’intérieur et à l’extérieur du mouvement. Mais le mouvement est en marche.

Mehdi Kabar (AL Montreuil)

 
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