La Poste : faire le lien entre les luttes




Le long processus de privatisation et de suppression d’emplois à la Poste se poursuit. Néanmoins on a enregistré ces derniers mois un regain des grèves locales et sectorielles, qui pourraient initier une résistance plus large et plus organisée.

Le niveau de conflictualité à La Poste est à la hausse. Près d’un-e postier-e sur trois a fait grève le 14 novembre, à l’appel des fédérations CGT, Sud, FO, CFDT et CFTC – l’Unsa-Poste prenant position contre –, dans un contexte où éclatent de nombreuses grèves locales ou sectorielles. Cette grève nationale répondait à la nouvelle directive postale européenne, qui doit encore être validée au niveau gouvernemental, pour achever l’œuvre, déjà largement entreprise, de destruction du service public, selon trois grands axes :
 poursuivre et intensifier la réduction du réseau postal, par de nouvelles fermetures de bureaux et le transfert vers des partenariats privés ;
 différencier de manière encore plus importante la facturation des services au profit des entreprises et au détriment des particuliers, pour lesquels les tarifs devraient continuer d’augmenter ;
 enfin, attaquer frontalement un des fondements essentiels du service public en préconisant de substituer à la péréquation tarifaire géographique la notion de tarifs différents par zone territoriale : les zones rurales paieraient beaucoup plus que les zones urbaines.
Cette volonté de transformer définitivement les activités postales en secteur exclusivement marchand n’oublie bien évidemment pas de réviser la structure de l’emploi : plans de restructuration, externalisation d’activités figurent explicitement au menu de la directive, ce qui signifie clairement une diminution globale du niveau de l’emploi, le développement du travail à temps partiel, de l’intérim et de la sous-traitance.

Un tiers des emplois menacés

Désormais séparée en activités distinctes, la maison Poste est prête à être dépecée par lots. C’est le sens de la création de la Banque postale, filialisée, qui sert de justification à la maison-mère pour redimensionner son réseau des bureaux de Poste sur les seuls critères de rentabilité, tant en zone rurale qu’en zone urbaine, avec à la clé suppressions d’emplois, “ redéploiements d’effectifs ” et systématisation des pressions commerciales.

Au courrier, ce sont 40 000 emplois sur 130 000 (31 % !) dont la suppression est programmée d’ici à 2010, soit 30 000 facteurs et 10 000 agents des centres de tri. Pour tenir ce programme, plus de la moitié des centres de tri sont aujourd’hui menacés de réduction d’activité ou de fermeture, tandis qu’à la distribution c’est l’organisation et le sens même du travail, avec le développement de la flexibilité horaire journalière et hebdomadaire, qui sont remis en question. Aux questions de l’emploi et des conditions de travail s’ajoutent celles des salaires et de la perte constante de pouvoir d’achat, qui se heurtent à un refus de toute discussion tant pour les personnels fonctionnaires que de droit privé.Tous ces ingrédients expliquent le développement et la multiplication des conflits locaux ou sectoriels depuis plusieurs mois, sous des formes permettant souvent de tenir dans la durée : grèves tournantes par groupement de bureaux, refus d’être classé “ site expérimental ”, rassemblements et assemblées de facteurs dans les départements, grèves des brigades de nuit en centres de tri, montée des appels à la grève dans les agences colis. Ces actions, qui cherchent à se coordonner pour s’étendre, sont souvent soutenues localement en intersyndicales, même si malheureusement, fin novembre, elles ne l’étaient au plan national que par la fédération Sud-PTT. L’unité fragile et souvent factice, traditionnelle au niveau des fédérations syndicales à la Poste, peut être forcée et finalement imposée par ces mouvement unitaires. Les jours et les semaines qui viennent seront sans doute déterminants dans la partie qui se joue.

correspondant AL Transcom

 
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