La survie de l’humanité en question !




Selon les rapports de la Plateforme intergouvernementale scientifique et politique sur la biodiversité et les services écosystémiques, «  la biodiversité et les contributions apportées par la nature aux populations semblent, pour beaucoup, éloignées de nos vies quotidiennes. […] Elles sont au cœur non seulement de notre survie, mais aussi de nos cultures, de nos identités et de notre joie de vivre  ».

La signification du terme biodiversité n’est pas nécessairement maîtrisée par chacun.e d’entre nous. Rappelons d’abord que la biodiversité fait référence à la diversité des écosystèmes – ensemble des plantes, animaux et micro-organisme svivant en interrelation dans un même lieu géographique –, des espèces animales et végétales et des gènes des individus au sein d’une même espèce.

Cette richesse extraordinaire des formes de vie sur notre planète ne cesse d’évoluer, de se renouveler, de s’adapter aux modifications du climat et des données physico-chimiques des sols. Parfois surviennent des crises biologiques. Cinq extinctions massives ont été répertoriées, au cours desquelles au moins 75 % des espèces animales et végétales présentes sur Terre ont disparu en un temps bref à l’échelle des temps géologiques (quelques millions d’années au maximum). Ces extinctions sont le résultat de perturbations majeures  : grande glaciation  ; forte réduction de la concentration en oxygène dans les océans  ; impacts de météorites  ; crise volcanique…

La dernière extinction, survenue il y a 66 millions d’années, s’est traduite par la disparition des espèces animales – en particulier les dinosaures – et végétales dominantes, et par l’expansion des mammifères et des plantes à fleurs. Mais aujourd’hui, une sixième extinction massive est à l’œuvre et son origine est incontestablement liée à l’activité humaine (cf. article ci-contre «  Effondrement de la biodiversité  »).

Ce qui se joue aujourd’hui n’est évidemment pas la destruction de la planète. La vie sur Terre ne touche qu’une couche mince à la surface de la planète, ainsi que les eaux de surface et l’atmosphère. La vie sur Terre en elle-même n’est pas véritablement menacée. Après cette phase d’extinction, un nouvel équilibre s’établira et permettra à de nouvelles formes de vie de s’épanouir. Mais par contre, l’équilibre des formes de vie que nous connaissons aujourd’hui est susceptible de s’effondrer.

Les productions agricoles sont menacées

La conséquence en est évidente  : l’actuel équilibre du vivant a permis le développement de l’agriculture et l’expansion de l’humanité. La déforestation, la surpêche, l’artificialisation et l’empoisonnement des sols et des eaux par les pesticides, et aujourd’hui la montée de la crise climatique ont enclenché un effondrement de la biodiversité. Dans nos pays, insectes et oiseaux disparaissent à une vitesse vertigineuse, les plantes sauvages disparaissent en nombre, la microfaune des sols, c’est-à-dire ce qui les rend vivants, se porte très mal. Avec des sols quasi stérilisés et une pollinisation des plantes en difficulté, les productions agricoles sont menacées. Ainsi, la logique productiviste qui orchestre aujourd’hui les activités humaines prépare une crise agricole majeure. Une telle crise se traduira par des convulsions majeures pour notre espèce, qui pourraient entraîner sa disparition et celle de la grande majorité des espèces végétales et animales de la planète.

Ce scénario n’est pas inéluctable. L’écologie ne peut pas être un supplément d’âme au sein des luttes sociales. Il nous est nécessaire de mettre l’anti-productivisme au cœur de toutes nos actions, faute de quoi nous continuerons à creuser le tombeau de l’humanité.

Jacques Dubart (AL Nantes)

 
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