Dossier urbain : Paris : Les mal-logés forcent le blocus




En 2013, près de 300 familles mal-logées ont occupé la place de la
République, à Paris, pour exiger l’attribution d’un logement social.
Retour sur cette victoire arrachée de haute lutte.

Le 15 août 2013, après des mois de
chantier, le réaménagement de la place
de la République venait de s’achever,
offrant une immense esplanade
piétonne en plein Paris. Et ce sont des
mal-logés en lutte, épaulés par le DAL,
qui l’ont inaugurée !

Avec leur irruption débutait « Les
100 heures des mal-logés et des sanslogis
 » pour revendiquer l’application
de la loi sur le droit au logement
opposable (Dalo) [1], de la loi de réquisition,
et le droit inconditionnel à l’hébergement.
La lutte durera plus de
trois mois.

Le 14 octobre se tient une Table ronde
réunissant la Ville de Paris, le
ministère du Logement, la préfecture
de région et les bailleurs sociaux. Rien
n’en sort. Le lendemain, jour de l’Aïd,
la police détruit violemment le campement
(un blessé sera hospitalisé), et
interpelle 10 personnes, dont 6 mères
de famille.

Chaque jour les familles reviendront,
encerclées par des forces de
police disproportionnées et ne quitteront
les lieux qu’à la nuit tombée, sous
la menace des coups de bottes.

Le 19 octobre, journée européenne
pour le droit au logement et contre la
spéculation immobilière et foncière,
alors que le rassemblement n’a pas
été interdit, les familles et les militants
sont roués de coups : 12 personnes
sont blessées. Jean-Baptiste Eyraud,
du DAL, particulièrement visé, s’en
tirera avec deux côtes cassées. Un blocus
policier autour du camp interdit la
distribution de nourriture, d’eau et de
médicaments pour les blessés. Tandis
qu’une plainte est déposée contre la
police pour violences et séquestration,
le ministère du Logement se
décide (enfin) à entamer des négociations
avec le DAL.

Malgré le froid, la pluie et le vent

Les familles se réinstallent le jour
même, malgré l’interdiction préfectorale.
Tout le monde attend le résultat
du référé liberté déposé par le DAL
contre une atteinte aux libertés constitutionnelles.
La réponse – favorable
au rassemblement – tombera dans
l’après-midi et provoquera le départ
immédiat des forces de police qui
encerclaient les mal-logés. C’était la
porte ouverte à un campement
24 heures sur 24, qui devait se pro -
longer plus d’un mois. Après la
répression, le gouvernement joue la
carte de l’usure : les négociations traînent,
mais les mal-logés tiennent,
soutenus par des syndicats, partis,
associations et personnalités qui leur
rendent visite.

Malgré le froid, la pluie et le vent, les
familles se maintiendront sur la place
jusqu’au 29 novembre 2013, date à
laquelle est signé un accord entre le
ministère du Logement et le DAL pour
le relogement des 300 ménages.

Un an après, alors que tout le monde
est depuis longtemps à l’abri, 200 des
300 familles ont obtenu un logement
pérenne. Et définitif. L’association
continue de suivre les 100 autres.
Seule la lutte et la ténacité paient !

Chloée (AL 93)


Lire les autres articles du dossier

[1Lire « Droit opposable : un
“réhébergement” ?? »
dans Alternative
libertaire
de février 2007

 
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