Licenciements et primes de départ : L’envers du décor




Ces dernières années ont vu une avalanche de plans de licenciements, avec à la clé des stratégies différentes pour les affronter. Retour sur leurs effets à long terme : que se passe-t-il lorsque la boîte est fermée, plusieurs mois ou années après, pour les anciens et anciennes salariées ?

Quand une boîte ferme, les revendications financières sont-elles les plus pragmatiques ? Si l’industrie a été le secteur où les destructions d’emplois ont été les plus importantes (on se souvient de PSA, Renault, Goodyear, Continental, Sanofi... pour les plus emblématiques), d’autres n’ont pas été en reste, comme l’a montré l’exemple de Virgin. Dans leur majorité, les équipes syndicales ont choisi de se battre pour de meilleures indemnités de départ, afin d’alourdir le coût pour l’entreprise du « plan social ». Leur montant diffère d’une entreprise à une autre, avec des plafonds plus ou moins hauts suivant la taille de l’entreprise, mais aussi le rapport de forces imposé.

Tendance lourde

Les revendications autour des indemnités de départ semblent pragmatiques ou atteignables, car il est souvent plus facile de négocier un chiffrage que la sauvegarde de l’emploi. Ainsi sont-elles considérées comme un but ou une victoire par certains courants syndicaux ou politiques. Le cadre législatif, tant dans les procédures entourant les « plans de sauvegarde de l’emploi » (PSE) que dans les contestations possibles, pousse également dans ce sens. Pour exemple, la dernière loi en débat au parlement contre la fermeture des « sites rentables » envisage des contreparties financières plutôt que des mesures permettant aux salarié-e-s de lutter concrètement et efficacement contre les licenciements.

Avenir empoisonné

Repartir avec quelques dizaines de milliers d’euros de prime jusqu’à plusieurs centaines de milliers a de quoi sur le moment faire tourner la tête. Et pourtant. Les experts auprès des comités d’entreprise comme les syndicalistes sont unanimes sur l’après-licenciement. Dans la grande majorité des cas, les salarié-e-s ne retrouvent pas d’emploi, ou alors moins bien payés et loin de chez eux. Les situations personnelles en pâtissent : suicides, divorces et autres sont le lot quotidien. Les indemnités permettent au mieux d’assurer un complément au chômage, mais les salarié-e-s déchantent vite. « Au début on se dit que ça peut permettre un nouveau départ, on croit même aux projets de formation mais au final on retrouve rien. Heureusement qu’on a créé un collectif pour garder contact et être solidaires et continuer les démarches ensemble », commente une ancienne salariée de l’industrie agro-alimentaire.

En septembre dernier, le conseil des prud’hommes de Compiègne a invalidé le licenciement de 680 anciens salarié-e-s de Continental pour défaut de motif économique, condamnant l’entreprise à verser une trentaine de mois d’indemnités à ces derniers. La déclaration de Xavier Mathieu, CGT et ex-animateur de la lutte, a été fracassante : « une victoire, mais un sacré paquet de cadavres ».

Se battre pour sauvegarder son emploi pose bien sûr des contradictions lorsque les conditions de travail sont mauvaises, lorsque partir peut donner l’illusion d’une liberté retrouvée. « C’est dans ces moments-là, contre les PSE, qu’il faut défendre l’emploi dans une optique de partage du travail et de redistribution des richesses mais aussi questionner la façon dont on travaille ou ce qu’on produit pour proposer des alternatives. C’est le rôle fondamental que doivent retrouver les organisations syndicales », conclut un autre syndicaliste de l’industrie.

Chiche ?

RoberK (AL Montreuil)

 
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