Logement et sans-papiers : On vit ici, on reste ici (suite) !




Dans le numéro de janvier 2012 d’Alternative Libertaire, un article était consacré à la lutte des expulsé-e-s du 11 rue Dézobry et du 76 rue Gabriel Péri, à Saint-Denis (93). Leur situation ne s’est pas améliorée depuis, mais la lutte se poursuit, et la population ne lâche pas les occupants du parvis de la mairie.

Le 23 décembre dernier, la mairie de Saint-Denis a demandé au tribunal administratif de Montreuil l’autorisation d’évacuer le campement de celles et ceux qu’elle appelle les « occupants sans droit ni titre » du parvis du centre administratif.

[*Une mairie schizophrène*]

Lors de l’audience, qui s’est tenue le 10 janvier 2012 et à laquelle ont assisté une trentaine d’expulsé-e-s et de soutiens, les avocats de la municipalité, dans un plaidoyer schizophrène, ont à la fois longuement déploré la situation des expulsé-e-s, puis demandé l’aggravation de celle-ci... Entre autres arguments utilisés par les représentants de la mairie pour appuyer la demande d’évacuation du campement, la gêne soi-disant occasionnée aux employé-e-s municipaux. Malheureusement pour eux, parmi les nombreux soutiens qui avaient tenu à s’exprimer à la barre, se trouvait précisément une employée municipale travaillant au centre administratif, venue pour dire la solidarité totale de ses collègues avec les expulsé-e-s. Cependant, la municipalité obtint ce jour-là ce qu’elle était venue chercher : non pas l’expulsion immédiate du campement, mais la possibilité de l’ordonner à tout moment.

[*La mobilisation ne faiblit pas*]

Du côté du collectif anti-expulsions formé à l’occasion de cette lutte, la détermination va croissant, et les initiatives se multiplient : publication d’une lettre ouverte aux élu-e-s, organisation d’une conférence de presse, et lancement d’une pétition signée par plusieurs personnalités, donc Jacques Gaillot, Cédric Kahn, ou encore le slammeur local Grand Corps malade. Les manifestations organisées en janvier, dont un repas-concert de soutien le 14, avec le groupe La Rabia, ont rassemblé plusieurs centaines de personnes. Le concert du 20 a permis de récolter des fonds qui contribueront à aider la lutte, et l’idée d’une réquisition, si possible avec l’appui de la mairie, fait son chemin. Le précédent de la réquisition d’appartements désaffectés appartenant à La Poste en 2009 (voir AL de mars et avril 2009) est dans les têtes, alors qu’en plein centre-ville, les luxueux locaux construits par Oscar Niemeyer pour le journal L’Humanité, vides depuis plusieurs années et désormais propriété de la préfecture, continuent de narguer les milliers de mal-logé-e-s de Saint-Denis.

Toujours est-t-il qu’après un mois et demi de lutte, le soutien de la population envers les expulsés ne faiblit pas. Saint-Denis est en colère, car y’en a marre de la galère.

Alexis (AL Saint-Denis)

 
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