Mai-juin 2003 : Chronologie d’une lutte de classe




Mars 2002 : Conseil européen de Barcelone : Chirac et Jospin signent leur « programme commun » d’allongement de la durée de travail.

7 janvier 2003 : Suite aux « vœux à l’armée » du chef de l’État, dans lesquels Jacques Chirac évoquait l’urgence d’une « réforme des retraites », les syndicats CFDT, CFTC, CGC, CGT, FO, FSU et UNSA (l’US Solidaires est tenue à l’écart) adoptent une plate-forme syndicale de référence sur les retraites. Les 37,5 annuités n’y sont pas citées, mais le texte revendique « le droit à la retraite à taux plein à 60 ans ».

9 janvier 2003 : Les salarié(e)s du secteur électrique et gazier infligent 59 % de « non » au référendum sur une « réforme » du régime spécial, qui portait en germe la privatisation d’EDF-GDF. Les syndicats qui avaient soutenu la réforme accusent le choc ; seuls FO et SUD, rejoints par une partie de la CGT, avaient appelé à voter contre. Ce résultat ravive la combativité des opposant(e)s à la casse des retraites.

1er février 2003 : Manifestations réunissant près de 500 000 personnes dans toute la France, sur la base de la plate-forme du 7 janvier.

mars-avril 2003 : Les emplois-jeunes des collectivités territoriales sont en grève illimitée en Guadeloupe contre leur licenciement prévu en juin et bloquent les mairies avec les adhérent(e)s de l’Union générale des travailleurs guadeloupéens pour obtenir leur titularisation.
Mais c’est à La Réunion que les grèves sont les plus massives dans l’éducation avant de s’étendre aux autres secteurs contre la décentralisation et pour le retrait du plan Fillon.
Les manifestations rassemblent jusqu’à 30 000 personnes. C’est également à La Réunion que la répression est la plus féroce lors de certaines manifestations. La police coloniale de l’État français matraque les grévistes et force les piquets de grèves.

24-28 mars 2003 : Congrès confédéral de la CGT, qui place au premier plan la revendication de « la retraite à 60 ans à taux plein » au détriment des « 37,5 annuités pour tous ». C’est un signe positif pour le gouvernement, qui fait de l’allongement de la durée de cotisation le cheval de Troie des fonds de pension.

3 avril 2003 : Après que le gouvernement, le 28 mars, a soumis sans succès aux syndicats un texte concernant les « principes et les voies et moyens de la réforme des retraites », la tension monte, avec 800 000 manifestant(e)s dans toute la France, à l’appel des signataires de la plate-forme du 7 janvier, rejointes par l’US Solidaires et la CNT.

24 avril 2003 : François Fillon annonce enfin clairement les grandes lignes de son projet de réforme des retraite : allongement de la durée de cotisation dans le public comme dans le privé, décôte, taux de remplacement plus bas et donc baisse des pensions de 20 % à 30 %, incitation à rester jusqu’à 65 ans au travail, développement de mesures de capitalisation individuelle.

Appel intersyndical à manifester le 13 mai contre le projet. « Je n’ai pas peur », annonce François Fillon.

1er mai 2003 : 400 000 manifestant(e)s défilent en France, soit quatre fois plus qu’au 1er mai 2001.

7 mai 2003 : Fillon présente son projet au conseil des ministres. Publication d’un encart de publicité gouvernementale dans la presse quotidienne. L’US Solidaires annonce : « Le 13 mai on amplifie, le 14 on reconduit. »

Les personnels de l’Éducation nationale sont en grève reconductible massivement suivie.

13 mai 2003 : La bataille est déclenchée. Grève très suivie dans le secteur public, quasi totale dans les transports. Fortes délégations du secteur privé dans les manifs.
Partout, les manifestations dépassent ce qu’on a pu voir en 1995, voire en 1968 : deux millions de personnes battent le pavé. La reconduction de la grève le 14 mai est empêchée par la CGT. FO, les SUD ou les syndicats CGT qui tentent de maintenir la grève, n’y parviennent que peu (le 14 et le 15 à la RATP) ou pas.

15 mai 2003 : À l’aube s’achèvent dix heures de négociations infructueuses gouvernement-syndicats.

Dans l’après-midi, coup de théâtre : lors d’une réunion en catimini à Matignon, le gouvernement a obtenu le ralliement de la CFDT et de la CGC. La CFTC, invitée, n’a pas signé. Cette trahison - attendue - est cependant trop précoce et caricaturale pour influer sur le mouvement.

Réunies à Montreuil le lendemain, la CGT, FO, l’UNSA et la FSU reconstituent un front syndical et appellent à poursuivre l’action.

25 mai 2003 : Manifestation nationale monstre : plus d’un million de personnes défilent à Paris.
Par bien des aspects, la forme de cette manifestation est contestable : vu la combativité ambiante, une manifestation nationale minorise le mouvement, en comparaison des manifestations décentralisées du 13 mai. D’autre part, il s’agit d’une manifestation un dimanche, sans appel à la grève : on n’est pas dans le registre du rapport de force « de classes », mais dans celui de la « protestation citoyenne ». Malgré tout, la démonstration de force est impressionnante.

3 juin 2003 : Alors que FO et CGT refusent toujours d’appeler à la grève générale, 1,5 million de manifestant(e)s défilent dans toute la France, dont, de nouveau, de nombreux(ses) salarié(e)s du privé. Premiers indices de « radicalisation » : locaux du Medef attaqués, blocages de routes, de ponts, de dépôts… premières interventions musclées de la police. Une nouvelle fois, SUD et FO échouent à faire reconduire les grèves le 4 juin.

10 juin 2003 : Début du débat parlementaire sur le projet Fillon. De nouveau 1,5 million de personnes défilent en France. Et l’Éducation nationale maintient toujours un haut niveau de mobilisation. FO se déclare favorable à une « grève générale interprofessionnelle ».
À la fin de la manifestation parisienne, sur la place de la Concorde, plusieurs milliers de manifestant(e)s font face à l’Assemblée nationale pendant quatre heures, au milieu des jets de lacrymo et des canons à eau (65 interpellations).

12 juin 2003 : Après de nouvelles manifestations qui ont réuni 20 000 personnes à Paris et 240 000 à Marseille, grand meeting syndical au Stade vélodrome. Contrairement à Blondel (FO), Thibault (CGT) se fait huer en refusant une nouvelle fois d’appeler à la grève générale.

19 juin 2003 : Énième « journée d’action » appelée par CGT, FO, UNSA, US G10 Solidaires et FSU.

 
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