Maroc : Echec au roi




Le roi Mohammed VI a suscité la colère des Marocains et des
Marocaines en graciant un pédophile multirécidiviste en juillet. Ce faux pas fait descendre le monarque de son piédestal quasi-divin.

Chaque année, à différentes occasions (fêtes nationales dont son propre anniversaire et fêtes religieuses), le roi du Maroc gracie par sa divine intervention des milliers de prisonniers de droit commun mais jamais de prisonniers politiques, la clémence monarchiste a des limites  ! Ainsi, quand le roi d’Espagne vient lui demander le retour au pays de ses propres sujets aux prises avec la justice marocaine, c’est avec grand plaisir que le roi du Maroc accorde sa grâce.

Mais la grâce n’est pas toujours sans fausse note : en juillet, elle a été accordée à un pédophile multirécidiviste ! La réaction d’une grande partie du peuple marocain ne s’est pas faite attendre  : dans tout le Maroc, plusieurs milliers de personnes sont descendues dans les rues, demandant l’annulation immédiate de la grâce et remettant en cause son fondement et son fonctionnement. Le pouvoir a répliqué à coups de tonfa... Signalons que cette fois, même des monarchistes pur jus ont battu le pavé : c’est que l’absurdité de cette grâce ne peut pas, cette fois, être l’objet d’explications tordues qui justifieraient l’acte du roi par une sagesse que la populace ne serait pas en mesure de discerner.

Royale fausse note

Le cabinet royal a accusé les services pénitenciers d’abuser de la confiance du roi, et décidé de faire porter le chapeau au directeur des prisons marocaines, bientôt démis de ses fonctions. Personne, au demeurant, ne regrette ce limogeage, même lâche, car le personnage a accumulé bien des affaires de corruption et d’abus de pouvoir durant son service. En revanche, sans toutefois s’excuser, le roi a reconnu l’erreur faite, annulé la grâce, demandé à la justice espagnole de livrer le pédophile (chose non faite jusqu’à aujourd’hui), et invité dans son palais les familles des enfants victimes du violeur espagnol.

Le gouvernement des islamistes royalistes du PJD (Parti pour la justice et le développement), en crise depuis des mois, a déclaré par le biais de son ministre de la justice que cette grâce, et d’une manière générale toutes les décisions royales, dépasse son champ d’action. Ce qui revient à mettre finement le roi devant la responsabilité de son choix, tout en nous donnant une nouvelle preuve du simulacre de démocratie qu’est la monarchie constitutionnelle marocaine.

Cet épisode marque une déstabilisation profonde de la confiance que la monarchie prétend détenir de la part du peuple marocain. C’est aussi la première fois que le roi revient sur une décision, et d’autant plus sur une décision qui concerne des relations diplomatiques avec un autre pays. Certains militants et militantes du Maroc comparent avec ironie cet épisode avec celui de l’empereur japonais qui, à la fin de la seconde guerre mondiale, avait déclaré aux Japonais qu’il n’avait pas un statut divin.

Marouane Taharouri (AL Paris-Nord-Est)

 
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