Nord : Neuf jours de grève : trois embauches




À Aniche, la direction de Saint-Gobain Glass refuse de respecter les termes d’un accord, signé en 2009. Mais cette fois, les travailleurs ne se sont pas laissés faire. Après plusieurs jours de grève, ils ont réussi à faire entendre leurs revendications.

Depuis plusieurs mois déjà, les salariés de la société Saint-Gobain Glass à Aniche (dans le département du Nord) n’ont de cesse de réclamer l’embauche des précaires sur le site.
Cette usine est conçue pour fabriquer du verre « float » : dans un grand four plat, avec de l’étain en fusion, on coule du sable et d’autres matières premières, pour obtenir du verre plat, destiné au secteur du bâtiment.

Dès le mois de juillet, plusieurs salariés de différents ateliers interpelaient les élus CGT, pour leurs exprimer leur ras-le-bol, face au sous-effectif et à la systématisation d’embauches en CDD.

Ce qui a déclenché la colère des salariés, c’est la remise en cause par la direction d’un accord établi en 2009 qui prévoyait l’embauche de trois personnes supplémentaires. La direction ne voulant pas discuter, trois salariés ont décidé – avec l’appui de la CGT – de se mettre en grève. Trois jours plus tard, la CGT propose 24 heures de grève, et l’installation d’un piquet à la porte de l’usine. Une assemblée générale est organisée sur le piquet : 98 % du personnel ouvrier de l’usine décide de se mettre en grève et de durcir le mouvement, en ne laissant plus les matières premières rentrer sur le site. Du jamais vu : ne plus laisser passer les matières premières implique en effet le risque d’un arrêt de coulée, ce qui peut déboucher sur un arrêt complet de l’usine, entraînant des réparations telles que la direction préférerait fermer l’usine.

Les salariés sont évidemment conscients du risque. Cependant, ils ne décolèrent pas pour autant, et continuent le blocage. On sort les barbecues, les palettes, tandis que des salariés d’entreprises du coin viennent montrer leur soutien. La direction s’obstine et fait appel à plusieurs huissiers de justice afin de constater toute infraction commise par les grévistes. Les constats tombent, et six élus CGT sont convoqués au tribunal. Le délégué syndical central reçoit une plainte pour violence sur un cadre de l’entreprise.

La direction décide après neuf jours de grève de ne pas céder face aux travailleurs. Par son acharnement, elle opte donc, en toute connaissance de cause, pour un arrêt de coulée ! En AG, les salariés finissent alors par suspendre le mouvement.

Il faudra l’intervention de la Direction départementale du travail et de l’emploi, du préfet et de l’inspection du travail, pour que la direction et la CGT puissent enfin discuter. Après huit heures de négociations et neuf jours de grève, les salariés obtiennent les trois embauches promises.

Le délègue central a été convoqué à un entretien préalable à sanction, pour avoir bousculé un cadre de l’entreprise – il faut tout de même savoir que le camarade est en retraite au mois de juin, et que la direction n’exclut pas un licenciement… Les salariés restent prêts à redémarrer le mouvement, si leur camarade venait à être sanctionné.

Une semaine après la reprise du travail, tous les élus CGT ont quitté les instances telles que le Conseil d’entreprise (CE) ou le Comité d’hygiène, de sécurité et des conditions de travail (CHSCT) ; plus aucune réunion n’a lieu, la CGT étant largement majoritaire dans le CE ou le CHSCT. Et depuis la fin du conflit, le syndicat CFDT a été dissout : plus personne pour continuer, ils ont lâché les ouvrier, les ouvrier les ont lâchés !

Eddy (AL Douai)

 
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