Palestine : La solidarité par le boycott




Les mobilisations de soutien pour Gaza ont permis de renforcer la campagne de Boycott Désinvestissement Sanctions (BDS) contre Israël. Elle est une forme concrète et matérielle d’action de solidarité internationale et anti-impérialiste.

La campagne BDS a été lancée le 9 juillet 2005 par plus de 170 associations de la société civile palestinienne. Créée en 2009, BDS France est active dans de nombreuses villes et son implantation nationale se poursuit. Ses activités consistent en des campagnes de sensibilisation, des groupes de travail, elle intervient notamment dans ou devant des enseignes qui commercialisent des produits israéliens.

Des journées nationales de mobilisation s’organisent régulièrement et simultanément dans plusieurs villes : récemment une journée d’action contre les voyages organisés par Carrefour en Israël et Palestine, présentant une image idyllique d’Israël. La campagne BDS fait le choix de cibler certaines entreprises précises : au printemps dernier, les agissements de la société Sodastream, qui possède une usine dans une colonie des territoires occupés, ont suscité une grande publicité pour la campagne.

Le 30 août 2014, la pression fut mise sur France Télévisions (dont certaines émissions sont sponsorisées par l’entreprise de gazéificateur) avec des rassemblements devant les locaux de la chaîne. Pour le 41e Festival de la BD d’Angoulême sponsorisé par la marque, plus de 80 dessinateurs de plus de dix pays, dont Tardi et Siné, ont signé une pétition pour refuser sa présence. La société a dernièrement annoncé une relocalisation de son usine, ce qui prouve que la campagne a un impact. Toutefois, cette relocalisation n’est pas satisfaisante car elle se fera dans le Neguev, sur les terres volées aux bédouins.

Cette anecdote démontre qu’il est important de ne pas se limiter à un boycott des produits issus des colonies mais d’élargir à un boycott général d’Israël, tant par exigence d’efficacité qu’en terme politique : il ne s’agit pas seulement d’exiger la fin de l’occupation ou un gel de la colonisation comme le voudraient certains courants modérés, il s’agit d’en finir avec le système d’apartheid que subissent les Palestiniens et les Palestiniennes, qu’ils et elles soient de Gaza, de Cisjordanie, de Jérusalem, sans oublier ceux et celles de 1948 (citoyens israéliens) et le droit au retour des réfugié-es.

Parmi les organismes sionistes ciblés directement, BDS France est activement engagée contre le KKL (Fond national juif), organisme paraétatique israélien, fer de lance depuis plus d’un siècle de la dépossession du peuple palestinien. Cet organisme a participé à la Naqba (exode forcé du peuple palestinien en 1948) et participe aujourd’hui à l’expulsion des Bédouins du Néguev. Les dons à l’antenne française du KKL bénéficient d’une déductibilité d’impôts, cet organisme se faisant passer pour une association d’intérêt général écolo. L’année dernière elle a organisé son gala au Palais Brongniart à Paris : des contre-rassemblements s’organisent chaque année contre sa tenue.

La répression, rançon du succès

Malgré des victoires, l’économie israélienne reste encore forte, particulièrement dans deux domaines : celui du « high tech » (produits informatiques ou électroniques) et la vente de matériel à usage répressif, testé sur le peuple palestinien (drones, répression anti-manifestations). Des projection du film The Lab, qui dénonce ces pratiques, furent organisées l’année dernière dans plusieurs villes de France. La BDS s’engage aussi en solidarité avec ses militants et militantes inculpé-es : la France est le seul pays où des activistes du BDS sont poursuivi-e-s en justice, poursuites confortées par la circulaire Alliot-Marie (2010) qui assimile ces actions à des appels à la discrimination raciale. Le BDS exige le retrait de cette circulaire et la relaxe des militants poursuivis. Un procès a eu lieu en cour d’appel de Caen le 22 septembre 2014. Alors que la campagne se renforce, elle a besoin de toutes les bonnes volontés, notamment du côté du mouvement social et des syndicats.

Nico Pasadena (AL Montreuil)


BDS MODE D’EMPLOI

La campagne BDS se décline en plusieurs axes

Le boycott économique appelle les consommateurs et consommatrices ou n’importe quel organisme à ne pas se rendre complices d’Israël en achetant des produits israéliens, qu’ils viennent des colonies ou du territoire israélien. Il vise aussi certaines sociétés non israéliennes qui participent directement et indirectement à la répression du peuple palestinien. Hormis Sodastream, citons les campagnes qui ciblent les entités suivantes :
 la société Mehadrin, exportatrice de produits agricoles souvent issus des colonies ;
 les magasins Séphora qui commercialisent les produits de beauté Ahava issus de la mer Morte ;
 les médicaments génériques TEVA ;
 la société anglo-danoise G4S qui équipe les prisons israéliennes de son matériel dit de sécurité ;
 la société américaine Caterpillar, qui participe à la destruction du patrimoine palestinien et est complice de l’écrasement par ses bulldozers de citoyens et citoyennes ;
 Orange, qui a conclu un partenariat avec l’entreprise israélienne Partner Communications, qui installe des antennes et relais sur des terres confisquées aux Palestiniens pour le seul bénéfice de l’armée ou des colons ;
 Veolia qui gère une déchetterie au service des colons et a d’importants projets d’investissements en Israël.

Le boycott sportif

Les compétitions sportives sont une occasion de faire connaître la campagne. Israël empêche le peuple palestinien de pratiquer librement les sports et emprisonne arbitrairement des joueurs à l’occasion. Deux footballeurs palestiniens ont été gravement blessés en revenant d’une séance d’entraînement et ne pourront plus jamais exercer leur sport. Une campagne a été lancée par la fédération palestinienne de football pour demander l’exclusion d’Israël de la FIFA.

Les boycotts universitaire et culturel visent quant à eux des initiatives sponsorisées par l’État d’Israël. Nous nous adressons aussi aux artistes qu’Israël invite à des festivals pour avoir l’air d’être un État très ouvert à tous les courants culturels, et nous les exhortons à ne pas accepter de servir de caution morale destinée à blanchir Israël de ses crimes.

Le site web de la campagne BDS France : www.bdsfrance.org

 
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