Paris 13e : Ouvriers et femmes de ménage expulsés




Ils travaillent dans le BTP, elles dans le nettoyage à Paris XIIIe. Leurs enfants y sont scolarisés. Et pourtant, les pouvoirs publics aimeraient que le prolétariat noir aille loger loin de la Ville Lumière.

Le 23 octobre à 6 heures, la police expulsait 96 résidentes et résidents (dont 16 enfants) de l’ancienne Maison des étudiants ivoiriens (Meci), dans le XIIIe arrondissement de Paris. Immeuble cerné par la police : CRS et beaucoup de policiers en civil ; un bébé gazé par des lacrymos à l’hôpital ; 2 personnes interpellées dont un militant CNT ; huissiers et élu-e-s municipaux tirés du lit pour faire les constats ; camions de déménagement affrétés pour embarquer les quelques effets des résidents dans des garde-meubles ; un monte-charge qui descend des meubles et charrie des parpaings pour murer les fenêtres ; certains opposant une résistance passive et refusant de partir ; une trentaine de résidentes et résidents, avec leurs soutiens locaux (Mrap, RESF, AL, NPA, CNT, Alternatifs) regroupés aux abords… voilà le triste spectacle que donnait le boulevard Vincent-Auriol au matin de l’expulsion finale. Une première attaque avait eu lieu le 25 septembre, avec plus de 40 personnes évacuées.

Le propriétaire avait laissé l’édifice se délabrer et, pendant des années, certains locataires ont même dû payer des « loyers » à on ne sait qui, sans doute des réseaux mafieux apparus à la faveur de la crise de l’État ivoirien en 2002.

Le relogement provisoire s’est effectué d’une manière calamiteuse, avec des familles dispersées de force par cars dans des hôtels ou des logements sous-équipés : Vanves, Bagnolet, Paris, Aulnay-sous-Bois, Le Blanc-Mesnil, Pierrelaye, Saint-Denis, Le Bourget et Drancy. Quand on doit faire le ménage très tôt le matin dans des hôtels à Paris sud et qu’on a ses enfants scolarisés dans l’arrondissement, c’est totalement inadmissible !

Quant aux locataires sans papiers, ils et elles se trouvent dans une situation encore plus précaire : placés pour un mois dans des chambres d’hôtels, et exposés au risque permanent d’une expulsion.

Au bonheur des spéculateurs

Face à ces problèmes élémentaires, les pouvoirs publics font la sourde oreille. Malgré les efforts déployés et une entrevue avec le cabinet du préfet, aucun protocole n’a pu être obtenu.

Derrière un vernis « humanitaire », ces opérations de police reflètent une logique de ségrégation sociale et spatiale très violente. Les derniers îlots populaires à l’intérieur de Paris sont depuis longtemps sous la menace, pour des raisons à la fois économiques et idéologiques. La Meci ne fait pas exception : une fois débarrassé de ses anciens occupants, le terrain pourra être revendu pour le plus grand bonheur des spéculateurs.

La dispersion des expulsé-e-s aux quatre coins de la région ne favorise pas l’action commune et la préfecture le sait pertinemment. Pendant tout le mois d’octobre l’information a été diffusée, des rassemblements et des manifestations ont eu lieu. À présent la lutte entre dans une nouvelle phase.

Boris (AL Paris-Sud), le 23-10-08

 
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