Pays basque : Un processus de paix mais pas à tout prix




Alors qu’une manifestation pour le processus de paix au Pays basque doit se tenir le 9 décembre à Paris, il est nécessaire de faire le point et de nous interroger sur l’évolution des revendications liées à la libération du peuple basque.

Les communistes libertaires ne sont jamais restés indifférents aux luttes de libération nationale, sans basculer dans l’illusion de la création de nouveaux États comme nous l’indiquions lors de notre congrès d’Angers en 2010 : « Il ne s’agit pas non plus de conférer aux luttes de libération nationale un rôle historique excessif. Les communistes libertaires n’entretiennent aucune illusion tiers-mondiste. Il n’y a pas des “nations prolétaires” dont le nationalisme serait la “conscience de classe”. La révolution sociale ne s’identifie pas à un jeu d’échec géostratégique opposant des États entre eux. La lutte des classes demeure le principal levier d’un potentiel renversement des formes d’oppression et d’exploitation, dans quelque pays, dominant ou dominé, que ce soit. »

Pour autant, nous sommes résolument pour l’autodétermination des peuples et contre les colonialismes. Dès lors que la lutte qui s’émancipe des questions identitaires et s’oppose à l’alliance entre classe ouvrière et classe bourgeoise qui a dévoyé dans de nombreux mouvements de libération nationale. Notre boussole reste la lutte anticapitaliste pour un peuple qui s’organisera par lui-même en matière d’éducation, de production et de distribution tout en s’affranchissant de l’État et de la bourgeoisie ; bourgeoisie qui tient les rênes de la communauté autonome d’Euskadi encore sous le joug de l’État espagnol.

Nous ne pouvons pas nous désintéresser du processus de paix qui se joue en Euskal Herria suite au dépôt des armes décidé par l’organisation ETA, qui a vu son influence s’éroder avec le temps, et de la destruction de son arsenal en lien avec les Artisans de la paix. Ce fut un bel exemple de désobéissance, au nez et à la barbe de la police et de la justice françaises. Mais quid de la libération sociale ? Ce processus de paix renvoie à une certain nombre de questions : la libération sociale, l’indépendance du Pays basque et les questions de classe.

Divagations de Jean Lassalle

On s’interroge sur les soutiens recherchés ; en effet, sont mis en avant des élus LR, Modem, PS et d’autres formations, adversaires politiques des travailleurs et travailleuses basques. À la rencontre des Artisans de la paix avec les groupes parlementaires, ou au ministère de la Justice sur la question des prisonniers et prisonnières politiques basques le 10 juillet, on a vu participer des élus tel que le maire de Bayonne et président de la toute nouvelle communauté d’agglo Pays basque, qui promet des coupes budgétaires dans cette dernière en sabrant dans le personnel, ou bien encore le candidat à la présidentielle, Jean Lassalle, qui divaguait sur les réseaux sociaux en annonçant que dans les ikastolas (écoles d’immersion bascophones) on apprenait le maniement des armes ! Certes, être accompagné de ce genre de personnages, qui restent des ennemis de classe, ouvre les portes de certains cabinets, mais à quel prix pour l’avenir ? Il ne manque pourtant pas de mouvements syndicaux et associatifs clairement anticapitalistes au Pays basque ; leur force est réelle. La construction de la paix serait en de meilleures mains avec ces artisans !

Cette politique de grand écart amène à mettre sous le tapis une des revendications, et pas des moindres : celle de la libération du Pays basque et de son indépendance vis-à-vis des États français et espagnol. Dans le même temps s’organise des référendums en Catalogne en octobre prochain et en Kanaky courant 2018. Nous soutenons les mouvements d’indépendance qui sont en rupture avec les États quels qu’ils soient et avec le capitalisme. À la manifestation du 9 décembre afin de relayer le message d’un Pays basque anticapitaliste, antipatriarcal, écologiste et internationaliste, il faudra soutenir le rapprochement des prisonniers et prisonnières politiques basques, mesure d’urgence avant l’amnistie.

Martial (AL Saint-Denis) et Christian (AL Banlieue sud-est)

 
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