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Pologne : des balles en caoutchouc contre les mineurs de charbon




La grève des mineurs aura duré dix-jours. Dix-neuf jours marqués par une forte répression, dont des tirs « non létaux » qui ont fait 20 blessés. Le PDG de la compagnie minière a démissionné et le travail a repris, mais les revendications sont loin d’être satisfaites. Le syndicat de lutte Sierpień 80 était en première ligne.

Le lundi 9 février, la police a tiré avec des balles en caoutchouc de 37 mm sur les mineurs rassemblés devant le siège de la Compagnie charbonnière de Jastrzebie (Jastrzebska Spolka Weglowa, JSW). Il y eu 20 blessés, dont certains gravement. Lorsque la police a tiré, les mineurs ont crié « Policiers, vous voulez refaire décembre 1981 ! »(coup d’État du général Jaruzelski).

Le vendredi suivant un compromis a été signé.
En principe la grève est « suspendue » et le boulot devait reprendre aujourd’hui lundi. Mardi 17 février, le PDG Zagorowski est censé démissionner. Pour le reste, les revendications sont loin d’avoir été atteintes sur les salaires et le temps de travail. Les syndicats menacent de reprendre le mouvement si le PDG ne démissionne pas.

La grève aura duré dix-neuf jours, avec plus de 5 000 grévistes, et les mines à l’arrêt.

Tous les syndicats, même les plus modérés, ont soutenu le mouvement : Solidarność (proche de la droite conservatrice), l’OPZZ (confédération proche de la sociale-démocratie), le FZZ (confédération modérée), le syndicat libre Sierpień 80 (syndicat combattif, très implanté chez les mineurs, il tire son nom, « Août 80 », du vaste mouvement social qui ébranla la Pologne stalinienne à l’été 1980), Kadra (syndicats de cadres), etc.

Contre la politique d’austérité
Un ouvrier géant qui pénètre dans l’enceinte du Parlement : une affiche de Sierpień 80 sortie en 2009.

La grève a commencé le 28 janvier, lorsque le PDG de JSW, Jaroslaw Zagorowski, a licencié 9 syndicalistes de la mine Budryk pour avoir organisé une grève de solidarité avec les mineurs d’une autre compagnie, KW [1] Le PDG a également suspendu les conventions collectives signées il y a deux ans. Parmi les licenciés, Krzysztof Labadz, un des dirigeants de Sierpień 80 et animateurs d’une grève de quarante-six jours en 2007-2008.

Durant la grève, un tribunal l’a déclarée illégale et a menacé les « meneurs » (dont les 9 syndicalistes licenciés) de leur faire payer les pertes de JSW, soit plusieurs millions d’euros… Le président du syndicat Sierpien 80, Boguslaw Zietek, a déclaré à l’agence de presse polonaise : « Nous vivons dans un pays de bandits, de voleurs et des mafias, qui sont plus fortes que le gouvernement. »

Informations recueillies par Jan Malewski.


APPEL DES MINEURS POLONAIS

Ne tirez pas sur les ouvriers ! N’employez pas les institutions de l’État contre les protestataires !

Le 12 février le tribunal a décidé que la grève de plusieurs milliers de mineurs de la Compagnie charbonnière de Jastrzebie (Jastrzebska Spolka Weglowa, JSW), au sud de la Pologne, est illégale. Le même jour, la ville a été traversée par une manifestation des femmes et des enfants des mineurs, en soutien à leurs proches en lutte.

Les autorités de reculent devant rien pour briser cette grève qui dure depuis 16 jours. Des forces spéciales de la police, envoyés contre les mineurs, ont tenté d’écraser la protestation avec une brutalité inouïe, utilisant sans aucun prétexte les canons anti-émeute de 37 mm à balles en caoutchouc, les canons à eau et les gaz lacrymogènes. Plus de 20 mineurs ont été blessés, certains gravement. En même temps les procureurs ont ouvert les poursuites contre les organisateurs de la protestation, les menaçant de conséquences financières liées aux pertes de la compagnie touchée par la grève. Parmi les poursuivis il y a le syndicaliste Krzysztof Labadz, un des dirigeants de la grève de la mine Budryk, qui a duré 46 jours il y a sept ans.

Les mineurs grévistes exigent le renvoi du PDG de la Compagnie, Jaroslaw Zagorski, dont la gestion a conduit la compagnie au bord du gouffre. Le gouvernement, bien qu’il possède plus de la moitié des actions de la compagnie, ne veut pas céder. Les mineurs et leurs familles sont déterminés. Ils défendent leurs emplois mais aussi les droits de protester tous les travailleurs polonais.

Nous appelons les syndicats et les organisations sociales de toute l’Europe à soutenir notre lutte et à nous faire parvenir des lettres de soutien. Seule la solidarité internationale, comme dans le cas de la Grèce, peut faire reculer les dictats des néolibéraux qui gouvernent. Seulement ensemble nous pouvons faire face à leur offensive antisociale en Europe.

Boguslaw Zietek, président du WZZ Sierpień 80, le 12 février 2015

[1Kompania weglowa, la plus grande compagnie minière en Europe, voulait fermer 4 mines et licencier les mineurs. Cette grève a été victorieuse, avec le soutien de toute la population, les 4 mines restent ouvertes et il n’y a pas de licenciements, selon l’accord signé par le gouvernement le 17 janvier 2015. Le gouvernement s’est engagé à ce qu’il n’y ait aucune répression contre les grévistes et leurs soutiens. Il a menti.

 
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