Rail : La SNCF, bientôt société anonyme ?




La SNCF fait l’objet de toutes les convoitises de la part des libéraux de tous poils. Comme toujours, c’est par le biais de la Commission européenne que ces charognards entendent dépecer les entreprises publiques, au profit de groupes privés.

Dans une lettre adressée à la France le 11 février 2010, et rendue publique fin mai, la Commission européenne s’interroge sur le bien-fondé du statut public de la SNCF. La Commission prétend que l’Établissement public d’intérêt commercial bénéficie d’avantages illégaux vis-à-vis de la concurrence privée, par sa possibilité d’emprunter à des taux garantis par l’État. Il a été demandé à la France de supprimer toute garantie d’emprunts d’ici le 20 juillet 2010. En clair, il s’agit pour les partisans du libéralisme de transformer la SNCF en société anonyme, comme cela s’est fait avec la Poste et de lui demander de s’autofinancer. C’est une telle politique, appliquée en Grande Bretagne, qui avait conduit à des catastrophes ferroviaires et à un certain retour en arrière.

Le service public ferroviaire dans le collimateur

Cette nouvelle offensive contre notre service public ferroviaire vient s’ajouter à la longue liste des attaques qui l’ont sclérosé et qui visent à privatiser « à la découpe » la SNCF. Il y avait eu, en 1997 la création de Réseau ferré de France (REF) avec la séparation de l’entreprise publique et de son infrastructure. Aujourd’hui, le RFF rançonne chaque année la SNCF avec des péages de plus en plus exorbitants, alors que l’état des infrastructures continue de se dégrader. Il y a eu l’ouverture à la concurrence, dans le fret dans un premier temps, qui conduit à une course au dumping social et à la mort programmée de Fret SNCF. Il y a eu la mise à l’écart de l’ « Infra circulation » (les aiguilleurs) pour cause de neutralité vis-à-vis de la concurrence privée. Il a y eu la séparation des différentes activités voyageurs (TER, TGV), qui désorganise sérieusement le fonctionnement de ces services. Et il y a un avenir sombre, sombre, notamment en vue de l’ouverture à la concurrence du transport régional de voyageurs. Grignon, un élu UMP, est chargé d’étudier la mise en œuvre de cette concurrence : une de ses propositions consiste à transférer tout le personnel SNCF affecté aux transports régionaux dans l’entreprise qui obtiendra le marché, aux conditions de travail de cette dernière.

Face à la demande de la Commission européenne, le gouvernement affiche une opposition de façade. Dans ses communiqués, le ministère des Transports se veut rassurant. Mais il ne s’agit que d’une posture temporaire. En effet, en ces temps où il veut imposer sa contre-réforme des retraites, il craint une mobilisation des cheminots aux côté des autres salarié-e-s. Pour cela, il sait qu’il n’a pas intérêt à allumer une autre mèche dans l’entreprise. Mais gageons, que pour lui, ce n’est que partie remise.

Aussi, comme pour la Poste, il faut dès maintenant engager une campagne pour le maintien et le développement d’un grand service public de transport ferroviaire de voyageurs et de marchandises.

Martial (AL Angers)

 
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