Sans papiers : Les « retenus » grondent




Les centres de rétention administrative (CRA), sont depuis fin décembre le théâtre de la contestation, à l’intérieur comme à l’extérieur. Contre ces geôles pour étrangers, et contre le projet de directive européenne sur la rétention et l’expulsion des personnes étrangères, des milliers de gens ont manifesté le 19 janvier.

Cette initiative à l’origine de RESF [1] et de l’UCIJ [2], à laquelle se sont ralliés nombres d’associations, de syndicats et d’organisations politiques, fait suite aux premiers mouvements de contestation à l’intérieur des CRA du Mesnil-Amelot (77) et de Paris-Vincennes où les personnes étrangères retenues ont dressé une liste de revendications, organisé des « mani- festations » dans les centres et ont fait grève de la faim en décembre. Fin janvier, certains sont allés jusqu’à mettre le feu à leur chambre pour protester contre le sort qui leur est fait. La répression a été rude, même si elle a été peu médiatisée, et l’on s’est empressé d’expulser ou de libérer les « meneurs ».

Les CRA (une trentaine sur tout le territoire) et les LRA (local de rétention administrative, plus petits, une dizaine) sont des prisons qui ne dépendent pas de l’administration pénitentiaire, et voient passer chaque année des dizaines de milliers de personnes (30 707 connues de la Cimade [3] en 2005) et plusieurs centaines d’enfants dans des centres spéciaux où la différence se limite à la présence d’une mini cour, au milieu de laquelle trône un jeu à leur intention. En Europe, ce sont 230 centres de ce genre qui enferment plus de 30 000 personnes.

CRA = prisons pour étranger

La Cimade et Médecins du monde ont déjà rendu des rapports alertant sur ces lieux où sont niés les droits fondamentaux, droit à ne pas subir des traitements dégradants, droit d’asile ou droits spécifiques des enfants mineurs. Les tentatives de suicides et mutilations volontaires n’y sont pas rares. La promiscuité et l’enfermement laissent des traces indélébiles chez celles et ceux qui y ont été confontés.

Le Parlement Européen se prononcera cette année, sur un projet de directive concernant l’enfermement et l’expulsion des étrangers, dans le cadre de l’« harmonisation » des politiques europé- ennes d’immigration. Bien que la limite de rétention soit passée de 12 à 32 jours, c’est en France qu’on reste encore le moins longtemps enfermé ; en Italie, elle est de 60 jours, en Grèce de 90 jours et dans d’autres pays, comme l’Angleterre ou la Suède, il n’y a pas de limite du tout.

Ce projet de directive propose donc une durée de rétention pouvant aller jusqu’à 18 mois (comme à Malte). Celle-ci s’appliquerait aussi bien aux mineurs qu’aux personnes en demande d’asile ou aux conjoint-e-s d’Européens et d’étrangers en situation régulière avec des titres de long séjour (seuls les malades devraient en être exemptés). Elle s’accompagne d’une interdiction de séjour de 5 ans pour toute personne expulsée (déjà en vigueur en Espagne, Pologne et Allemagne).

Quand le bâtiment va, tout va !

Pour enfermer plus longtemps ces êtres humains, il faudra donc en construire encore d’autres après les derniers surgis de terre récemment comme à Rennes (35) ou Plaisir (78) (un « spécial enfants »). D’autant que l’objectif chiffré de reconduite à la frontière est fixé cette année à 26 000 ! Alors que la circulaire du 7 janvier, qui porte sur la « régularisation par le travail », dresse des listes discriminantes de métiers à l’égard des extra-européens (haute qualification exigée) et réserve les métiers peu qualifiés, notamment dans le bâtiment, aux européens nouvellement arrivés. On peut d’ores et déjà penser que ce sont les plus pauvres, venant de Bulgarie ou de Roumanie, aujourd’hui chassés manu militari du territoire, qui, demain, vont construire les geôles réservées aux Africains et aux Asiatiques.... Il y a des ironies qui ne s’inventent pas...

Chloée (AL 93)

<titre|titre=Vérité et justice pour Reda>

Reda Semmoudi est mort mardi 8 janvier, après une chute du 9e étage.
Résidant à Noisy-le-sec, il avait été interpellé la veille à Paris, et le lendemain, 4 policiers l’accompagnaient pour une perquisition à son domicile, dans le cadre d’une enquête sur un prétendu trafic de Subutex.
Menotté dans le dos, il aurait alors donné un coup de tête à l’un des trois policiers présents dans l’appartement, aurait changé de pièce pour ouvrir une baie vitrée, poussé un sèche-linge et aurait franchi le balcon encombré pour se jeter dans le vide.

Comment croire une telle version ?

Pour l’instant seule la version de la police a été communiquée : il se serait agi d’un délinquant, d’un trafiquant qui se serait soustrait à la vigilance des 3 policiers.

Son suicide paraît d’autant plus surprenant qu’il venait de se marier et qu’il allait être papa.

La compagne a porté plainte et un avocat est commis.

Un comité de soutien « Vérité et justice pour Reda Semmoudi » s’est constitué auquel participe Alternative Libertaire.

veritejustice.redasemmoudi@gmail.com

 
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