Sculpture : Ousmane Sow




Dans le cadre de « Lille, capitale européenne de la culture en 2004 », la capitale du Nord concentre pour l’année un bon nombre d’expositions d’art d’ici et d’ailleurs. On y trouve du bon et du moins bon : notamment quelques expos photos parfaitement anodines qu’on pourra oublier quelques heures plus tard sans difficulté. Mais on trouve aussi quelques perles, qui laissent une impression intense et durable. L’exposition de plusieurs dizaines d’œuvres d’Ousmane Sow en fait partie.

Maniant les matériaux de récupération, déchirant de la toile de jute, pétrissant de la terre mêlée de couleur, le sculpteur sénégalais façonne des personnages d’une beauté violente. Corps surproportionéns, visages éloquents, ces guerriers masaïs ou zoulous, ces couples peulhs, ces lutteurs noubas, témoignent d’une Afrique en voie de disparition, de laquelle Ousmane Sow semble vouloir extraire la force tellurique, la sève, mais aussi toute l’humanité.

À côté de ces « séries africaines », on trouvera sa dernière et ambitieuse composition. S’éloignant du continent noir, le sculpteur a voulu rendre hommage à un peuple qui a lui aussi subi et résisté au colonialisme occidental. La série « Little Big Horn » met en scène la dernière victoire indienne sur l’armée américaine, dans le Montana, le 25 juin 1876.

Le général Custer, qui s’est fait connaître par un bon mot (« Le seul bon Indien est un Indien mort ») était un médiocre sanguinaire, mais en vue de l’élection présidentielle de 1877, sa soif de reconnaissance médiatique le conduisit à des actions téméraires. Un peu trop téméraires même, puisqu’il attaqua le camp indien de Litte Big Horn avec un dérisoire détachement de 285 cavaliers et que, contrairement à ses prévisions, lui qui était un habitué des massacres de civils, il ne tomba pas sur quelques dizaines de femmes et d’enfants désarmés. Les Visages pâles furent taillés en pièces par plusieurs milliers de guerriers sioux, cheyennes et arapahos menés par Sitting Bull et Crazy Horse.

Avec cette fresque impitoyable, Ousmane Sow a réussi à renouveler ses thèmes sans édulcorer son art.

Rocky Balboa (AL Paris-Sud)

  • Ousmane Sow, « Little Big Horn et séries africaines », à la maison-folie du fort de Mons-en-Barœul (59). Jusqu’au 18 juillet.
 
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