Société des jeux : Impérialisme et jeux de plateaux




Les jeux de société sont pour la plupart basés sur la confrontation entre joueurs. Pour représenter celle-ci, une des concrétisations possibles est la représentation spatiale ; il s’agit alors de jeux de territoires ou de placement.

Dans les jeux de territoires, nombreux sont ceux qui reposent sur une approche impérialiste. Ainsi, ils exigent le développement de la sphère d’influence par le biais de combats. En faisant le choix de représenter la guerre comme une option possible pour accroître son influence, le plus souvent parmi d’autres, parfois la seule, quasi systématiquement la meilleure, les concepteurs de jeux altèrent la réalité de celle-ci. Elle est décidée et exécutée de manière autoritaire par le ou la joueuse qui peut également l’arrêter à sa guise. On peut s’interroger sur ces conquêtes qui visent à l’obtention de territoires exploitables. Selon cette vision euro-centrée, les colonisé-es n’apparaissent que rarement face au pillage des ressources auxquels ils et elles sont soumis.

En sortant la représentation du combat de tout contexte social et historique, les jeux ont aussi tendance à transformer les guerres en un pur mécanisme inscrit dans un cycle économique. Guerroyer devient ainsi le moyen d’investir l’argent issu de ses ressources pour obtenir davantage de ressources, sur un territoire sans cesse plus grand, jusqu’à domination complète. Au cours des combats, nul besoin de s’interroger sur les pertes humaines causées : les combattants sont représentés en bloc par des pions impersonnels et interchangeables : seules comptent les positions acquises.

Il ne s’agit pas ici de jeter le discrédit sur l’ensemble des productions relatant des confrontations mais d’attirer l’attention sur leur état d’esprit. Cette représentation de la guerre noble conforte les joueurs et les joueuses dans une forme de paresse intellectuelle qui les autorise à massacrer son prochain et à exploiter ses ressources en toute bonne conscience si cela grandit leur propre nation ; un refrain qui fait écho à bien des conflits réels.

Nico (AL Paris Nord-est)

RISK, Parker, 21,90 euros

 
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