Texas : Les tests ADN au secours des abolitionnistes




Si tout démontre que le couperet n’a jamais dissuadé les assassins, Hank Skinner attend lui depuis 17 ans de prouver son innocence grâce aux tests ADN. Mais comme cela ferait tache pour la réélection du juge et du procureur, il attend encore.

Ce 9 novembre 2011, soufflait un vent d’espoir sur le rassemblement des abolitionnistes de la peine de mort à la Concorde [1]. Après quelques nouvelles encourageantes à propos de Mumia Abu Jamal, on pouvait y apprendre le sursis à l’exécution de Hank Skinner. La peine de mort est sûrement l’expression la plus achevée du crime d’État. Pourtant les juristes partisans de cette horreur estiment qu’elle ne relève pas des « châtiments cruels inhumains et dégradants » interdits par la déclaration universelle des droits de l’Homme.

Dans le cas d’Hank Skinner, la justice texane entrave elle-même le déroulement de l’enquête en empêchant cet homme d’identifier, avec des tests ADN, le vrai meurtrier de sa compagne et de ses deux fils. Au Texas, comme dans de nombreux États du Sud, juges et procureurs sont élus par des majorités nostalgiques du lynchage.

Leurs chances de réélection augmentent donc avec le nombre d’injections, et diminuent après avoir reconnu une erreur judiciaire. Ajoutons les contradictions de procédures entre la justice fédérale et celles de chaque État et la haine d’un shérif contre un militant des droits de l’Homme, et nous obtenons tous les ingrédients d’une parodie de justice, très fréquente dans le Sud, surtout lorsque l’accusé est pauvre, noir ou encore militant. Hank Skinner n’est pas noir, mais n’a pas cessé de dénoncer les atteintes aux droits des prisonniers. D’après l’association Ensemble contre la peine de mort, le shérif aurait accusé Skinner de meurtre avant de se rendre sur les lieux. L’avocat commis d’office est un ancien procureur, mêlé à une affaire de détournement de fonds. Il aurait refusé de produire les preuves à décharge.

[*Des traces de bottes*]

Le principal témoin, la voisine de Skinner, a déclaré qu’il était en parfait état physique après les meurtres mais s’est récusé quelques années plus tard, reconnaissant avoir subi des pressions, et déclare maintenant avoir vu Hank en état d’ébriété. Le test effectué à l’hôpital a révélé un tel taux d’alcoolémie et de codéine – substance à laquelle Skinner est allergique – que le Dr Lowry, expert en toxicologie du FBI, a reconnu qu’il était physiquement incapable de commettre ces meurtres.

Grâce à la mobilisation d’un journaliste, des cheveux trouvés dans la main de la victime ont pu être analysés et n’appartiennent pas à Hank Skinner ; pas plus que les traces de bottes trouvées. On n’a pas donné suite aux déclarations d’un enfant qui a vu devant la maison de Skinner, la voiture de l’oncle de la victime. Aucun policier n’a songé à lui demander son alibi à l’heure du crime. Mais ce suspect vraisemblable est mort dans un accident d’auto. Il faudrait le talent d’un Léo Malet, pour raconter en détail ce véritable polar. Mais aujourd’hui la Cour suprême a enfin autorisé Skinner à réclamer les tests ADN qui peuvent le disculper. L’obtention de ces tests, et l’acquittement qui pourrait en découler serait une grande victoire pour les abolitionnistes. Afin d’apporter toute notre solidarité à Hank Skinner, il est indispensable de signer et populariser la pétition adressée à Rick Perry, gouverneur du Texas [2].

Armand Gorintin (AL Paris Sud)

[1Organisé entre autres par l’Association des chrétiens pour l’abolition de la torture (ACAt), la LDH, Amnisty International et Ensemble contre la peine de mort.

[2La pétition en ligne : Site www.hankskinner.org

 
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